Trip-Hop is not Dead

Quelque part entre séduisante et blessée, voilà ce qu'on ressent de Sevdaliza, au cours d'une heure chargée d'émotion. Des chansons sobres, élégantes; C'est une artiste qui se connaît, elle sait ce qu'elle fait et elle le montre. Il n'y a aucun doute sur ses objectifs avec cet album, il est cohérent.

Tout comme le clip de la première piste "Joanna", une ombre sombre plane sur Sevdaliza tout au long de "Shabrang". La chanson commence d'une manière clairsemée, mais alors que le bruit synthétique tourbillonnant et les arrangements de cordes se frayent un chemin à travers la chanson, il respire le chagrin et l'horreur.
Il y a "Lamp Lady", un truc hallucinogène sombre qui commence rêveusement; puis, au fur et à mesure qu'il se déforme, s'assombrit de manière thématique et sonore. Saisissant.
On pense à FKA Twigs en écoutant "Dormant" mais bordel! la performance vocale est absolument époustouflante et la production est captivante.
"Habbibi" ressemble presque à un hymne où la chanteuse cherche tranquillement la solitude, sa voix commence à tourbillonner alors que les pianos et les cordes l'entourent comme une pluie tombante.
pour "Eden", il y a les riffs principaux et les rythmes sous-jacents qui se mélangent habilement, ce qui en fait une chose très hypnotisante.
Sur le "Rhode" gothique, elle accueille des sentiments d'isolement alors que le trip-hop bat intensément, focalisé sur le laser. Le fantôme de Massive Attack plane, palpitant.
L'éclat de ces chansons obsédantes et tumultueuses est constamment stupéfiant, et Sevdaliza a une voix qui porte quelque chose comme la guérison de ces émotions brutes. Elle vous regarde avec un œil au beurre noir, non pas avec la tristesse dans les yeux mais une forme d'acceptation. Même sur une chanson comme "Gole Bi Goldoon", chantée en persan, les émotions se ressentent terriblement, même sans lire les traductions, vous comprenez en quelque sorte l'expérience.
L'album se termine avec l'un des morceaux les plus puissants de "Shabrang", Sevdaliza atteignant un moment où sa voix commence à vraiment monter en flèche avec encore plus d'intensité alors que les touches du piano sont martelées. Il élève l'album tout en haut dans ses derniers instants et s'arrête tranquillement avec le son des pianos qui résonnent.

De la production futuriste à la flexion des genres, à l'écriture de chansons émotionnellement forte et puissante, à sa voix impeccable en fait un album de brillant du début à la fin.
"Shabrang", à travers toute son expression, se présente comme un album non seulement entendu mais profondément ressenti. Les subtilités de la vaste production portent le poids de l'émotion brute de Sevdaliza, et elle ne semble jamais être submergée par la densité de la morosité. Si vous pouvez supporter l'intégralité de l'album, vous pouvez juste vous rapprocher un peu plus de la résilience incarnée par la chanteuse.
Grand album.

8/10