En hommage aux morceaux rock’n roll de ce disque, il convient de citer ici Pete Townshend pour Rolling Stone US en 1968 : « (…) prenez toute la musique pop, mettez la dans une cartouche, visez le couvercle et tirez. (…) On se fout de savoir à quelle époque ils ont été écrits, ce qu’ils veulent dire, de quoi ils parlent. C’est cette putain d’explosion qu’ils provoquent quand on dégaine l’arme qui compte. C’est l’évènement. C’est ça le Rock’N Roll. »

Bon, je crois qu’il est grand temps de s’y attaquer à celui-là, puisque personne n’a encore rien écrit sur sa cause, qu’en outre il semble aussi méconnu et respecté que le sombre « Godbuff » de Van Der Graaf Generator, et qu’il est forcément de mon devoir, au moment où je place la précieuse galette dans ma chaîne hi-fi tout en me délectant à l’avance des premières notes guitaristiques, de lui rendre hommage par des mots élogieux amplement mérités.

Le morceau-titre ouvre l’album par une phrase rythmique basique, d’école presque. Et d’emblée, derrière la musique, domine ce sentiment de malaise qu’est le cafard, une nostalgie assumée du rock’n roll, célébrée en pleine renaissance rock par le bébé punk providentiel. « Sometimes » rappelle aux premières heures des Beatles, celles des concerts crades, mal foutus mais terriblement séduisants qui avaient lieu à Hambourg. Les Flamin’ groovies sont les grands romantiques du rock’n roll, oui c’est vrai, et ils le prouvent encore plus sur « Yes It’s True », avec un titre typiquement merseybeat, encore une fois dans la grande tradition pop des Fabs Four. Tout, du riff à la mélodie, jusqu’au refrain chanté en chœur avec conviction, est gorgé d’une mélancolie douce-amère, d’un spleen auquel il est difficile de résister. Et toute cette recette est appliquée en intégralité dans cet album.

Pour ne pas lasser, pas dupes, les musiciens imposent un entracte bienheureux et opportun, un rock’n roll boogie qui convie à la danse, le revival « Saint Louis Blues ». Le solo renvoie carrément aux années 50, et nous fait réviser nos bases, celles où les guitaristes solistes excellaient dans un solo académique et grand public, très bien écrit et ressorti tel quel en concert, où l’improvisation pure étaient souvent proscrite, et aux notes bienveillantes.

« She Said Yeah »… est un retour au sources, un acte de guerre pro-punk envers les musiciens pénibles qui se perdent sur le chemin de la scène (ceux de Yes, si c’est vrai…), ceux qui font de la musique progressive une forme d’expression de soi par l’art souvent trop plein d’emphase, ouvertement intellectuelle, dotée d’un son complètement dénué de sauvagerie rock’n roll, finalement inaccessible à la gente ouvrière, et surtout dans l’impossibilité de faire vibrer, à l’inverse du morceau dont il est question ici, la gonzesse qui pourrait faire tourner sa jupe et danser jusqu’au petit matin en transe au point d’en mouiller sa culotte. « She Said Yeah » s’écoute sans cesse en mode « repeat », parce-qu’il ne dure qu’une minute trente, qu’il est plein d’énergie positive, et que le solo débridé, simplement magnifique par sa tonicité, ressuscite les morts.

En énième hommage aux Beatles, « Please please girl » renvoie au fondateur « Please please me » des rois de la pop et invite à la redécouverte des premiers disques des maîtres de Liverpool, ceux d’avant le « Rubber Soul » de 1965 suivi par tous les chef-d ’œuvres que l’on sait.

Oubliez le collectif Fauve les enfants, écoutez donc Shake Some Action, c’est papi qui vous le dit.
ErrolGardner
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le 15 mars 2014

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