Toutes les habitudes ne sont pas bonnes à secouer
C’est peu dire que le successeur de Silent Shout en 2006 était attendu. Mais la question mérite d’être posée : les fans du duo The Knife s’attendaient-ils à un résultat aussi surprenant ? Probablement pas. Car Shaking The Habitual secoue (en effet) ce que l’on entendait — et appréciait — habituellement. Pour faire court : oublier tout le côté dansant des compositions électro du groupe, voici un album purement ‘ambient’, d’une pop sombre (ou électro-punk), très instrumentale. 13 pistes qui totalisent… 97 minutes ! Non vous ne rêvez pas, plus d’une heure et demi de sonorités expérimentales qui font la part belle aux percussions (A Tooth For An Eye, Without You My Life Would Be Boring). En plein milieu du disque, Old Dreams Waiting To Be Realized fait figure de pivot, pour ne pas dire d’épreuve, avec ses 19 minutes.
Passée cette expérience, vous avez franchi un cap avec The Knife. Et sa la mutation en bête sauvage et tribale ne s’est pas encore opérée, rassurez-vous, la suite de l’album vous attend, notamment Raging Lung. Ce qui contraste fortement avec Networking, fourmilière de sonorités électroniques symbolisant les connexions digitales. N’en jetez plus, le point de non-retour est atteint, ou alors il vous saisira Fracking Fluid Injection et ses crissements horripilants.
Une chose est certaine : on ne ressort pas indemne de l’écoute de Shaking The Habitual. Si c’est intentionnel, c’est véritablement réussi. Seul problème et pas des moindres : musicalement, c’est très faible, et l’expérimentation ne peut pas tout excuser.