Six ans de pause et d'aventure solo auront été nécessaires pour voir revenir la fameuse fratrie suédoise avec un quatrième album qui ne laissera personne indifférent. Après les deux morceaux introductifs sauvages et rentre-dedans que l'on connaissait déjà, le double album peut parfois sembler long jusqu'à l'excès avec des plages sonores pouvant aller de la demi-minute à la vingtaine.
On y entend toute une collection d'instruments étranges, de percussions cérémoniales, de flûtes dissonantes et de sinistres samples qui se font la nique pour servir de fond sonore aux nombreuses incantations de la voix chamanique de Karin Dreijer Anderson (Fever Ray). On est bien loin du tout électronique attendu. Le chemin parcouru depuis le premier album est immense. Le résultat est inclassable, quelque part à la croisée de différents genres expérimentaux aussi variés que la Musique Concrète, la World Music, la Noise ou la Techno.
On en finirait presque à parler de punk tant il paraît difficile de séparer la musique de son message anti-conformiste comme on est en droit d'attendre du duo qui s'oppose fermement à toute uniformisation de la musique. On lorgne souvent vers le social, l'écologie et le féminisme : Olof a récemment suivi des cours de gender studies à l'Université, ils citent souvent Judith Butler et dénoncent toutes les réformes qui penchent un peu trop à droite en Suède. Musicalement intransigeant, politiquement engagé et quasi-mystique, on fait ici face à une véritable prise de risque.