Je résume
Il était une fois deux BFFs, Sophie et Agatha. Sophie est blonde et diaphane, elle vit dans le placard sur l'escalier chez sa belle-mère qui la fait trimer comme souillon à l'usine. Agatha est brune,...
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le 26 janv. 2023
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Désormais réputé pour ses prestations scéniques énergiques, Starcrawler livre un troisième album qui tempère le grabuge des deux premiers tout en conservant leur concision. Un dégarnissage parfois obtenu au détriment de l’impact des chansons et de l’homogénéité de l’ensemble.
Votre mission, si vous l’acceptez, sera de rédiger cette introduction sans passer pour un effroyable pisse-froid. D’accord. Remontant ses manches, l’auteur de ces lignes confesse sans malice aucune qu’il n’a jamais fait partie des adeptes de Starcrawler pour leur production en studio. En live, c’est une autre histoire. Le groupe démontre régulièrement un investissement trashy qui fait plaisir à voir, et les contorsions de cette liane furieuse d’Arrow De Wilde sont toujours là pour conquérir les fans d’Iggy Pop et Lux Interior. La donzelle a d'ailleurs assuré quelques piges admirables pour le MC50, dont le line-up réuni autour de Wayne Kramer regroupait également Kim Thayil (Soundgarden), Billy Gould (Faith No More), Marcus Durant (Zen Guerrilla) et Brendan Canty (Fugazi). Les faits d’armes scéniques de la chanteuse semblent donc avoir déjà porté quelques beaux fruits. En revanche, les deux premiers albums du groupe peinaient à restituer cette énergie dégingandée qui rendait leurs performances si divertissantes. La production spartiate du premier opus éponyme accusait un manque de relief que son successeur, Devour You, rectifiait en proposant certains titres plus furieux malgré deux ou trois détours moins marquants. C’est donc en dépit de quelques réticences que Goodtime Girl, contribution rutilante à une compilation commandée par DC Comics via Loma Vista, m’avait fait dresser l’oreille. On y découvrait le groupe sous un jour plus stylisé, celui d’un gros boogie glam entre T.Rex et AC/DC, où Arrow et ses hurlements maximisaient leur présence au micro. Sous le charme de ce virage aussi subtil qu’efficace, on se prenait à rêver du meilleur pour ce troisième album.
Malheureusement, la frustration emmagasinée par les deux premiers efforts de Starcrawler se consolide avec une nouvelle tentative infructueuse de coucher sur disque les pulsions volcaniques de leurs concerts. Les effets de production de Tyler Bates (compositeur-arrangeur Hollywoodien ayant également officié comme guitariste et producteur chez Marilyn Manson), qui seraient sûrement avantageux pour d’autres artistes, opèrent le plus souvent à l’encontre des points forts du quintette. Par exemple, le soin (indéniable) apporté aux différentes strates vocales des chansons n’est pas ce qui flatte le plus la voix d’Arrow, rendue étrangement banale dans un créneau de sous-Courtney Love déjà bien squatté par le tout-venant des frontwomen indés, creusant la sensation d’une identité délayée par une présentation en demi-teinte. Avec ses couplets palm-mutés et son refrain crado, la chanson-titre She Said fait les yeux doux à Nirvana, tandis que Stranded et True sont de sympathiques ritournelles heavy et bubblegum comme Hole en pondait régulièrement. Roadkill se voudrait punk, grunge et pop à la fois, mais manque d’un caractère qui permettrait au groupe de se démarquer comme ont pu le faire les Kills, les Arctic Monkeys ou Queens of the Stone Age en leur temps. Des sujets de comparaison qui ne sont d’ailleurs pas anodins, ayant montré leur capacité à tirer parti de formats courts qui semblent davantage pénaliser Starcrawler. Avec dix titres, tous sous la barre des quatre minutes pour un ensemble dépassant à peine la demi-heure, She Said est un album pour le moins digeste. Il est néanmoins regrettable que cette sobriété advienne au prix d’un manque de profondeur. N’ayant pas le don miraculeux des Undertones, Buzzcocks et autres Ramones pour la power pop en cent cinquante secondes, Starcrawler commence tard et s’arrête tôt. Jetblack fait l’effort de groover joyeusement, rappelant parfois les grilles d’accords dansantes de Franz Ferdinand, sans pour autant transcender une formule que sa brièveté ne permet guère d’étoffer. Même problème pour Thursday, qui ne se donne pas le temps d’aller très loin en dépit d’une section rythmique qui bastonne allègrement sur ses deux minutes et quelques. Runaway, avec son tempo speedé bordé de quelques petits riffs bien troussés, est l’un des moments les plus sympathiques de l’album, notamment parce qu’il prend le temps de maximiser son potentiel mélodique.
On pourrait arguer que la concision du projet le destine à la scène, mais ce serait ignorer plusieurs chansons dont le registre semble délibérément s’écarter de cet objectif. Midnight est une bluette aux accents folk sans grande originalité, qui fait le boulot sans fléchir mais n’évite pas l’impression de tourner en rond. Broken Angels est en revanche une vignette rétro plutôt réussie, quand bien même son joli timbre très sixties s’éloigne sensiblement de ce qui fait la force de Starcrawler sur les planches. Better Place, final countrysant aux allures de Patience de Guns N’ Roses, est le genre de ballade un peu sous-écrite qu’on trouve parfois chez les Pretty Reckless. Les harmonies vocales lorgnent du côté de Nirvana sans en avoir véritablement les moyens, sur fond de guitares acoustiques trop génériques pour totalement capter et retenir l’attention.
C’est justement sur ce point précis que Starcrawler commence à montrer une autre limite de plus en plus évidente. Les frères Cash, Henri et Bill, ne sont pas de mauvais guitaristes, mais il manque à leur jeu une fraîcheur, une inventivité, une personnalité tranchée pour permettre aux compositions de mieux nous marquer les esgourdes. Il ne s’agit pas d’un défaut de quotient technique, mais bien de caractère et d’attitude. Citons pêle-mêle des gens comme Jack White, Jonny Greenwood, St Vincent, Josh Homme, Anna Calvi ou Jamie Hince qui, même dans leurs élans les plus minimalistes, ont su faire preuve d’un feeling atypique qui contribuait à élever le niveau des chansons. She Said n’est pas en manque de grosses guitares à power chords bouillonnants, mais les riffs font l’effet de se heurter à un mur invisible, comme si Starcrawler rechignait à mettre les doigts dans le cambouis ou à s’autoriser une quelconque forme d’audace dans son exécution.
Là où certains de leurs cousins plus ou moins éloignés comme Amyl & The Sniffers et Izzy & The Black Trees donnent l’impression de tout balancer à la moindre opportunité, Starcrawler parait inexplicablement hésiter à franchir le pas. Un flottement qui n’est pas aidé par une écriture de plus en plus ouvertement enracinée dans les années quatre-vingt-dix. Là où un groupe comme les Pretty Reckless, sans nécessairement constituer un modèle à suivre, vise la branche la plus lourde de cet arbre généalogique (Soundgarden et Alice In Chains en tête), Starcrawler paraît ici revendiquer le flambeau bruyamment accrocheur des Pixies, de Cobain et Courtney Love. Ce qui pose une difficulté supplémentaire. Investissant un coin du genre qui voyait ses artistes phares pousser leur écriture vers de nouveaux horizons dont le défrichage paillait leurs déficiences techniques, Starcrawler peine à passer ce dernier tournant, proposant un rock aussi instantanément plaisant que peu mémorable sur la durée. En outre, malgré un potentiel évident et maintes fois confirmé sur scène, le groupe manque encore de grandes chansons, de titres forts susceptibles de lui ouvrir les portes de la postérité.
A défaut de constituer un incontournable de 2022, She Said demeure suffisamment plaisant pour nous convaincre de garder les doigts croisés pour l’avenir d’un groupe qui, quoi qu’il en soit, nous ramènera dans la fosse lors de son prochain passage dans nos contrées. Si reculer pour mieux sauter est un adage vérifiable, il est probable que le bond qui succédera à tant de recul vaille le coup d’être attendu encore un peu. Espérons-le, en tout cas.
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Créée
le 18 sept. 2022
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