Le 22 septembre est sorti dans le monde numérique le quatrième album des Fleet foxes, Shore, à très exactement 13h31 UTC, heure de l'équinoxe d'automne. Et automnale est un adjectif qui qualifie très bien l'ambiance de cet album. Une belle journée d'automne, fraiche mais dont on sent la chaleur du soleil nous arriver sur le visage, alors que les arbres prennent leur manteau feuillé jaune d'or, pourpre et brun. Cet album est disponible en ligne accompagné d'un moyen métrage réalisé par Kersti Jan Werdal : lien-shore-YT
Je vois cet album comme le prolongement direct de leur précédent album dont on pouvait regretter la complexité et la sinuosité. Mais ici, les esprits semblent plus sereins et apaisés ce qui permet pleinement de profiter des mélodies et des harmonies vocales typiques du groupe dans un style pop/folk. Il n'y a qu'à comparer les pochettes pour s'en convaincre. Les fans de la première heure pourraient toutefois avoir à faire le deuil des ambiances baroques et pastorales qui parcouraient leur deux premiers (très bons) albums...
En raison du confinement, l'album a été enregistré principalement par le chanteur et compositeur du groupe Robin Pecknold sans la présence complète du groupe mais avec de nombreux invités (Kevin Morby, Daniel Rossen de Grizzly Bear...). Cette approche n'est toutefois pas préjudiciable à l'homogénéité de l'ensemble et permet même la participation d'autres chanteurs comme le Brésilien Tim Bernardes dans sa langue maternelle, une nouveauté bien venue.
L'album commence très bien avec l'introduction Wading in Waist-High Water avec la voix de la chanteuse nigérienne Uwade Akhere suivit de Sunblind, Can I Believe You et Jara, tous lumineux qui permettent d'entamer l'album de belle façon. Les morceaux s'enchainent ensuite parfaitement, sans que l'inspiration baisse, avec un très bon équilibre entre les morceaux plus rythmés (Quiet Air/Gioia, Maestranza) ou plus aérien (For A Week Or Two, I'm Not My Season). Certaines ambiances m'ont également fait pensé au groupe Musée Mécanique qui propose aussi une très belle pop/folk ethéré.
Aurais-je un reproche à faire sur l'ensemble ? Oui et il provient de la batterie. Depuis, le départ de Josh Tillman, le groupe est accompagné de différents batteurs en studio, notamment Christopher Bear du groupe Grizzly Bear ici, et leur approche de leur instrument me paraît plus classique. J'avoue regretter le jeu de Josh Tillman sur Helplessness Blues, plus innovant et mélodique. Ce reproche n'est toutefois pas suffisant pour gâcher l'écoute et les nombreuses qualités de l'album qui supplante largement cet aspect.
Au final, on a un excellent album de pop/folk composé de morceaux plus accessibles que leur précédent album, mais qui, grâce à ces arrangements parfois riches, parfois plus épurés donne envie d'y revenir encore et encore avec la certitude d'y découvrir de nouvelles choses. Un beau rayon de soleil automnal dans cette longue année 2020 ! On n'attend plus que l'année 2021 pour une sortie physique de cet album maintenant !