Crush or The Catcher in the Rye...
En troisième, j'étais amoureuse d'un lycéen. Evidemment, je ne le connaissais pas, lui n'avait aucune idée de mon existence, et je ne lui avais jamais adressé un mot. Mais quand je le croisais au self, au CDI, dans les couloirs ou dans la cour, j'étais contente, et j'avais le sentiment d'avoir réussi ma journée. Une nuit, j'ai rêvé que je le rencontrais au conservatoire, et alors, en accompagnement onirique musical, j'ai entendu Sunburn à plein volume. Quand je me suis réveillée, je l'avais encore dans la tête, et j'ai redoublé d'amour pour ce lycéen inconnu.
Bon évidemment, les amours imaginaires de mon adolescence, tout le monde s'en fiche. Ce que je voulais dire par là, c'est que Showbiz, c'est un peu comme l'Attrape-coeurs de JD Sallinger, i.e. une oeuvre qui nous touche plus particulièrement si on la découvre au bon moment, mais qui laisse indifférent si on la découvre trop tard, et que l'identification ne fonctionne plus. Showbiz fait partie des albums qui ont touché ma génération, des albums avec lesquels j'ai illustré la bande originale de mes sensations et émotions d'adolescente; albums associés à un kaléidoscope de souvenirs juvéniles, et dont la réécoute près de 10 ans plus tard provoque un effet madeleine proustienne 100% garanti.