Showbiz
7.1
Showbiz

Album de Muse (1999)

Entrée fracassante dans la cour des grands.

Après 2 EP remarqués sur la cène indé Muse saute dans le grand bain avec "Showbiz" leur premier "vrai" album studio. Puisqu'il faut bien identifier les nouveaux venus auprès du public le trio de Teighnmouth est souvent comparé à Radiohead, alors en pleine lumière médiatique suite à la sortie du génial "Ok Computer". Le principal point de comparaison est la voix de tête des deux formations: un chant montant volontiers dans les aigus lors d'envolées lyriques. Pourtant la comparaison s'arrête là (ou presque). Loin des expérimentations obscures et des sonorités étranges de la bande à Thom Yorke, Muse se recentre d'avantage sur des compositions moins complexes et sur un son plus brut. Muse est avant tout un power trio pop-rock.

Cet album souffre un peu de son statut de première oeuvre. Il n'a pas vraiment de direction et sonne plus comme une compilation des chansons du groupe brassant anciens morceaux et rajouts récent pour obtenir 12 pistes. La production de certains titres détonne par rapport à d'autres. Cependant ce côté "empilement disparate" n'empêche pas le disque d'être bon puisqu'il possède d'excellentes chansons.
Bien sûr certains titre mal maîtrisés tel que "Filip" et son manque de charisme, "Escape" et sa mollesse, la prometteuse "Hate This & I'll Love You" qui traine un peu trop en longueur ou encore "Sober" et sa voix qui part en vrille, trahissent le côté juvénile de la formation. Pourtant, malgré leur errances, ces chansons conservent un certain cachet, dévoilent un certain potentiel, auquel on prête tout de même une oreille en gardant à l'esprit la relative inexpérience du groupe.
Juvénile toujours, casse-gueule, un peu, "Unintended" à la lourde charge d'être le slow à minette de l'album. Cependant la guitare mélodieuse et la puissante voix de Matthew Bellamy font que la sauce prend, même lorsqu'on est un gros dur avec des cheveux crasseux. Une chanson d'amour un poil cul-cul dans ses paroles mais qui transporte une vraie émotion, palpable, communicative.

En parallèle le groupe affirme déjà bien son style percutant avec "Cave" et "Uno". La première avec son riff rapide et entêtant, la seconde avec sa ligne de basse lourde mais mélodique. S'il y a quelques maladresses de jeunesse sur l'ensemble du disque, ces compositions prouvent tout de même assez vite que Muse n'est pas une bande de rigolos mais bien un ensemble de musiciens, plutôt doués d'ailleurs.

Une impression confirmée par les 3 pièces maîtresses de l'album.
Il y a tout d'abord le duo "Sunburn" et "Muscle Museum" qui sert d'ouverture au disque. Deux chansons magistrale et qui démontrent des qualités musicales indéniables. "Sunburn" séduit par sa mélodie claire et aérienne au piano, par sa rythmique heurtée juste ce qu'il faut, par son chant tour à tour apaisant puis exaltant. "Muscle Museum" colle une claque avec sa ligne de basse splendide, avec son riff de guitare atmosphérique et envoûtant, avec son refrain puissant. L'album vient à peine de commencer et pourtant on tient déjà deux classiques immédiats, deux chansons qui vous marquent l'esprit comme seules les grandes chansons savent le faire.
La troisième chanson est la chanson titre, "Showbiz", hymne dépressif et rageur qui s'inscrit dans une montée en puissance constante. La basse et la batterie montent calmement, accueillant un chant expiré lui aussi à peine audible puis les élans de rage s'accumulent jusqu'à une explosion finale dévastatrice. Cathartique, grandiloquente juste ce qu'il faut, puissante, violente. Cette chanson incarne le son Muse dans sa forme la plus absolue.

Album de jeunesse "Showbiz" est forcément un peu inégal. Inégal entre les compositions, inégal dans la progression : la seconde moitié du disque peinant clairement à égaler le flot d'émotions généré par une première moitié d'album concentrant les meilleurs titres. Les approximations ont aussi leur charme puisque derrière il y a souvent de bonnes idées, de bonnes mélodies ou de bons riffs. Mais l'écoute de "Showbiz" confirme également que Muse n'est pas un groupe arrivé là par chance : l'impressionnant trio phare "Sunburn"/"Muscle Museum"/"Showbiz" vous colle des baffes aussi instantanées que durables. Des chansons suffisamment puissantes pour tenir tout le reste de l'album à elles-seules.
Matthew Bellamy, Chris Wolstenholme et Dominic Howard ont réussi le plus dur : sortir un premier album réussi prouvant que leur groupe, Muse, a bel et bien une place à prendre dans le paysage du Rock Britannique des années 2000.
Vnr-Herzog
8
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le 29 déc. 2011

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