Silent Alarm
7.2
Silent Alarm

Album de Bloc Party (2005)

Un oxymore très attendu à l'époque

On n'espérait pas un miracle comme dans “Helicopter”, non. Qu'espérait-on alors ?
Un très bon premier album qui resterait parmi les classiques des années 2000 ? Probablement, oui. Et c’était loin d’être un miracle. Cet album était très attendu il y a 8 ans et on ne peut pas dire qu’on ne portait pas d’espoir en eux. On les comparait déjà à Franz Ferdinand et ces quatre Londoniens faisaient déjà fureur en Grande-Bretagne avec leurs deux premiers EPs. Silent Alarm était donc fortement attendu et je crois qu’on ne peut pas dire qu’il a déçu. Bien au contraire. Acclamé par les critiques plutôt méfiantes autour du buzz créé par le groupe avant la sortie de l'opus, jouant avec de nouvelles sonorités aux frontières du rock et du punk, Kele Okereke et ses compères peuvent se féliciter. Pour moi, Silent Alarm fait sans aucun doute partie des albums rock des années 2000, au même titre que l’album éponyme de Franz Ferdinand (justement) ou que Room On Fire des Strokes. Un classique quoi. Pas très original certes, mais qu’importe, il est bon, très bon même. Et c’est ce qui compte.

Venons-en donc à Silent Alarm. C’est plein d’énergie, de panache, c’est entraînant, c’est pop, c’est rock, c’est rythmé. Et Bloc Party ne perd pas de temps : on est immédiatement plongé dans le rythme avec “Like Eating Glass”, la première chanson de l'album. C’est efficace et on enchaîne très vite, dans le même genre bien rythmé, avec les trois chansons suivantes. Bloc Party ne nous ménage pas, mais on aime ça. On est pris dans ce rythme endiablé, ces mélodies entêtantes, ces guitares virevoltantes et on n’a pas envie que ça s’arrête. Enfin, après quatre chansons bien rythmées, on a peut-être besoin d’un peu de repos quand même. "Blue Light" et la fin de l'album sont là pour ça - je reviendrai sur la fin de l'album un peu plus loin.
Et puis c'est reparti avec “She’s Hearing Voices” et “This Modern Love” dont les belles mélodies restent bien en tête. Mais à la différence des morceaux du début, ceux-ci sont moins rythmés. Leur force réside dans la mélodie plutôt que dans le rythme. J’aime personnellement beaucoup l’association ligne de basse/guitare de “This Modern Love”.

Comme je le disais, Bloc Party ne se contente pas d'imprimer des rythmes cinglants dans ses chansons pour plaire au public qui l'attendait tant après ses deux EPs ; le groupe va plus loin et il nous montre qu'il aime la musique. Il faut bien un peu de finesse après ce début un peu brut et énergique, quoique très agréable. Tout ça pour dire que l'album n'est pas uniquement fait pour les amateurs de guitares cinglantes et de rythmes rapides. Il peut aussi bien plaire à un amateur de pop/rock, un auditeur de radio, ou, tout simplement, à un connaisseur de musique qui attendait l'album de pied ferme.
Je suis par contre un peu déçu par la fin de l'album. Moins convaincante, moins prenante, ce n'est pas au niveau du début de l'album qui démarrait sur les chapeaux de roues. Enfin, je ne vais pas leur en vouloir d'avoir voulu imprimer un style différent dans certaines chansons de la fin de l'album. S'ils ne l'avaient pas fait, j'aurais critiqué le manque de variation et la redondance de l'album. Dommage que ces quelques chansons ne soient pas une véritable réussite comme celle des premières de l'album.

En tous les cas, les influences du groupe ne sont pas vraiment difficiles à reconnaître. Je pense principalement à The Cure, Sonic Youth, Joy Division. D'ailleurs, la voix du chanteur, un brin ressemblante à celle de Robert Smith ne me contredira pas. Mais loin de simplement copier les styles de ces groupes et d'en faire un mix tout moche, Bloc Party réussit à leur rendre hommage dans des styles, sinon surprenants, très plaisants. Bloc Party a su innover, aller au-delà de ces influences et sortir un album qui se tient.

Si je poste cette critique aujourd’hui, ce n’est pas pour rien. La sortie de Four m’a inévitablement poussé à réécouter cet album que j’avais un peu rangé loin de mes écoutes habituelles. Ou du reste, je n’écoutais que quelquefois les chansons qui ont, d’une manière ou d’une autre, permis à l’album d’être si connu (je pense bien sûr à “Helicopter” et “Banquet” principalement). Car ce Bloc Party de Silent Alarm qu’on avait un peu perdu dans les deux derniers albums est bien de retour dans Four et j’en suis bien content. Preuve que cet album m’avait bien marqué.

Alors si vous n'avez pas encore jeté une oreille à ce groupe et que votre curiosité est animée par la sortie de Four, commencez donc par écouter ce bon cru qu'est Silent Alarm, vous ne le regretterez pas.

(Petite précision par ailleurs : si j'avais dû noter l'album sur 20, j'aurais mis 15 mais un 15 plus proche du 16 que du 14. D'où le 8. Car j'ai longuement hésité entre 7 et 8.)
Frider
8
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le 25 août 2012

Modifiée

le 18 sept. 2012

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