Minuit, cette heure où manque absolument le maintenant, en même temps elle est aussi l'heure où le passé côtoie, sans l'intermédiaire de rien d'actuel, l’extrémité de l'avenir ; tel est l'instant même de la mort qui n'est jamais présent, qui est la fête de l'avenir absolu et où l'on peut sentir que dans ce temps sans présent, ce qui a été sera. Il était minuit, le tout premier battement du 17 février 2023, lorsque m'est venu Hamza. C'est à cet instant que dans la portioncule de l'art s'est imposée la Prostitution. Non plus celle qui implique la figuration du sexe dont les pudibonds s'avèrent éprouver une ostensible horreur et que je m'obstine à la voir équivoque et plus profonde qu'on puisse croire, mais la prostitution espiritale, c'est-à-dire mille fois plus basse, car elle est prostitution d'Esprit.
L'excavation du rap est prodrome d'une catastrophe artistique encore plus véloce que la précédente, chaque album est le tocsin augural qui tinte : « prenez garde, ceci n'est que le début ! ».
Je n'ai rien contre Hamza, rien du tout. Mais hélas pour lui, il prend pour ses coreligionnaires.
Voilà tout juste le soprano que je ne puis entendre : le rappeur a une espèce de voix de buccin belge, assez proche de son style corseté, odoriférante, vertugandine. Effectivement, notre Hamza parle de faubourg, d'entéléchie emphytéotique, d'ornements sardanapalesque, mais surtout d'Amour.
Rilke, en ce qui concerne la poésie, écrit que : « les vers ne sont pas des sentiments, ils sont des expériences. Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d'hommes et de choses » en ce sens, pour écrire un seul vers, il faut avoir épuisé la vie ; néanmoins pour Hamza l'amour n'est que l'armature de l'impétuosité, tel est le trait le plus saillant de son rap. Cet amour est doué d'une espèce de figure syphilitique et tapissée, aux glandes jaunâtres et spermatorrhées, cet amour est à redouter comme un coléoptère de pestilence.
Somme toute, l'album n'est pas bien méchant. Par ailleurs, qui pourrait trouver cela méchant de miauler sur l'amour et le sexe tarifé ? C'est un saignement de cœur et une agonie énonciative que de répéter sans cesse les mêmes critiques. Qu'importe les écholalies, les exhaustions et les gymnastiques littéraires ; l'album Sincèrement du mendigot belge est un album butyreux, écrit avec la mentule du précité et retranscrivant des arlequinades au moyen de sa cacophonie gutturale digne d'un pôtit chaton tout mignon. Pas bien méchant ni vraiment gentil comme la fiole qu'on vide, la goutte de néant qu'on boit, mais qui reste un acte certes imprégné de conscience.