Mais pourquoi en fait ???
The National est un groupe de rock indé de Cincinnati, formé en 1999 autour du chanteur Matt Berninger. Il y est accompagné des frères Aaron et Bryce Dessner et Scott et Bryan Devendorf. Sur presque 20 ans, leur montée en puissance fut tangible, de l'anonymat à l'unanimité de la presse au succès populaire, d'album en album. Sleep Well Beast est leur septième album studio et je disais que c'était un putain de triomphe.
Deuxième au Billboard, premier évidemment dans le Top Alternative Albums et le Top Rock Albums. Premier aussi au Canada, en Croatie, en Irlande, au Portugal, en Écosse et au Royaume-Uni globalement. Bon, seulement onzième en France mais vu l'intérêt du grand public pour le rock alternatif en 2017 dans notre belle patrie travailleuse, familiale et macroniste, c'est pas mal (cet énumération terriblement engagée de ma part n'a rien à voir avec le rock alternatif, en effet). La presse (Pitchfork, Rolling Stone, etc.) s'accorde globalement pour lui donner un 8 ou 4 étoiles, si ce n'est plus.
Et vous savez quoi ? Je ne vois pas trop pourquoi.
Certes, le premier single, The System Only Dreams In Total Darkness (qui, par ailleurs, n'a foncièrement rien d'engagé), présente de l'intérêt, avec son riff un peu discordant, comme un court-circuit. Ajoutez à ça un solo classique mais efficace et une jolie variation de la voix de Berninger vers les aigus sur le refrain (aigus qui ne reviendront pas sur cet opus) et obtenez un titre accrocheur, sans être exceptionnel. Le problème, c'est que ce titre est assez représentatif de l'album, mais surtout dans ses mauvais côtés. Car oui, il en a : le songwriting quelconque, la voix de bariton de Berninger sans âme, sans souffle on dirait même mais surtout, surtout, ce piano.
Dès le premier titre, Nobody Else Will Be There, j'en avais marre. Mais il n'était pas près de s'arrêter. C'est plat, c'est mécanique, c'est inutilement mièvre. Sur chaque titre quasiment. En ce qui concerne le songwriting, c'est Matt Berninger qui se charge d'écrire et de poser sa voix profonde et un peu écorchée. Mais je préfère dire confondue et écornée. Mets-y un peu de coeur, que diable ! Ce n'est pas comme si tes paroles se suffisaient à elles-mêmes. Basées sur des "Can we just go home? / Nobody else will be there then" ou "The day I die / Where will we be?" répétés en point d'orgue de morceau, personnellement je trouve ça très léger. Les trouvailles parolières qui font tout le sel d'un bon morceau indé se font rare. Et toujours ce piano débile qui ne veut pas s'arrêter. Sinon, de temps à autre, les annonces du groupe sur le fait que la musique électronique serait une influence se confirment, comme avec ce battement électrique sur Walk It Back, définitivement pas le meilleur morceau. Ça me rappelle aussi que Bryce Dessner était présent à la guitare sur le projet Planetarium de Sufjan Stevens, qui lui aussi a ce côté électro un peu vain.
Du coup, c'est cette guitare, comme sur The System Only Dreams In Total Darkness, qui sauve un peu le tout, quand elle se décidé à sortir de sa boîte. Non pas qu'elle soit très inspirée mais c'est toujours ça de relief pris. J'ai surtout relevé ce premier single donc, le titre éponyme en clôture et son outro limite ambient que Dessner vient troubler de sa gratte comme une système informatique à l'agonie, mais avant tout Turtleneck, qui est pour moi le meilleur titre de l'album. Malgré un manque d'harmonie à mon goût entre les membres (décidément c'est jamais parfait), j'ai trouvé mon compte dans le rock bien plus lourd et franc (comme sa fin abrupte mais très satisfaisante) de Turtleneck. La voix de Berninger y trouve toute son amplitude, d'outre-tombe sur les couplets et à bout de souffle sur les refrains, et délivre des lignes moins directes mais bien plus signifiantes, chantées enfin avec passion, sur l'importance du col roulé.
Même si je connais pas le reste de leur disco, The National, c'est maigre, c'est pas gargantuesque comme annoncé, The National, c'est surcôté.