Snowball par Mellow-Yellow
Sarah Records arriva dans le paysage musical britannique en 1987. C'était l'époque où Pink Floyd commençait (ou continuait selon certains) sa déchéance. C'était l'époque où le véritable évènement se trouvait aux Etats-Unis : l'âge d'or du hip-hop avait déjà commencé.
Pourtant, Sarah Records allait s'imposer comme le fer de lance de l'indie pop de l'époque, jusqu'en 1995. Une existence courte mais intense.
Et si il faut décrire le label en un disque, ce serait forcément celui-ci, son plus reconnu : Snowball, des Field Mice.
Sorti deux ans après la création du label, Snowball est la fusion de deux tendances du groupe. Celles-ci sont représentées par leurs deux précédents singles : "Emma's House" et "Sensitive". (Tous aussi intéressants que Snowball) Le premier offrait le côté "indie pop" du groupe, à savoir cette étrange alchimie entre des guitares aux sons mélancoliques et une boîte à rythmes entraînante. Le second introduisant au côté plus expérimental du groupe, et présentait un morceau saturé redoutablement efficace, aux guitares imparables.
Néanmoins c'est la première tendance qui dominera largement sur Snowball. Seul le morceau "White" pourra paraître surprenant, étant donné qu'il est la suite direct de "Sensitive".
Car The Field Mice produit bien d'abord de la pop, harmonieuse et inspirée au possible. Pas besoin de faire compliqué, les mélodies y sont très simples, mais terriblement efficaces. La voix du chanteur y est d'une douceur juvénile, écrin parfait pour y apposer des paroles évitant avec brio l'étiquette niaise et à l'eau de rose qu'on pourrait facilement y coller. Snowball respire la sincérité, les bons sentiments. Les morceaux y sont parfois légers, parfois plus graves, mais baignent tous dans une ambiance matinale presque planante.
En témoignent les morceaux d'ouverture et de fin, les superbes "Let's Kiss and Make Up" et "Letting Go". Le premier est sûrement l'un des morceaux les plus hypnotiques qu'il m'est été donné d'entendre : une boucle répétitive, une voix éthérée et une boîte à rythmes bloquée pendant 6 minutes. Tous les ingrédients sont présents pour une introduction impressionnante, mélange de simplicité et d'inventivité.
"Letting Go" lui, prend les mêmes ingrédients et y ajoute une mélodie au clavier à l'efficacité immédiate. La transposition musicale parfaite de la mélancolie.
Mais le reste de l'album n'en est pas maussade pour autant, "You're Kidding Aren't You" et "This Love is Not Wrong" sont des modèles de chansons pop euphoriques. "Couldn't Feel Safer" est tendre et sensible, chanson-type de l'amour tranquille.
Difficile de trouver des défauts à Snowball en fin de compte. L'album est trop attachant pour qu'on lui trouve un défaut. On pourrait dire la durée si on cherche, il est un peu trop court. Mais c'est en même temps un gage de qualité, vu que l'album ne supporte aucune longueur. Non, la seule chose qu'on pourrait reprocher à Snowball c'est peut-être sa plus grande qualité : la simplicité. Certains le trouveront anecdotique, voir sans intérêt. Pourtant il est un album important et intemporel, et une source d'inspiration pour des groupes indépendants encore aujourd'hui. (Ne serait-ce que The Pains of Being Pure at Heart. (mais là c'est carrément du plagiat !))