So Far Gone (EP)
6.5
So Far Gone (EP)

EP de Crayon et Pyramid (2013)

So Far Gone, ça tu peux le dire…

Mièvre. C’est le mot qui me vient à l’esprit lorsque j’écoute cet EP, première collaboration complète entre Pyramid et Le Crayon qui, après avoir fait quelques remix sympathiques ensemble, se sont lancés dans un projet possédant un peu plus d’envergure, avec en tout et pour tout six tracks pour convaincre : une de Pyramid, une du Crayon, deux duos et pour finir deux remix, chacun s’occupant du morceau de l’autre.

L’EP commence sur un ton horriblement doucereux, avec la track qui donne pourtant son nom à l’EP : So Far Gone (Pyramid & Le Crayon). La voix est absolument insupportable, et bien qu’elle soit sensée faire faire planer elle provoque finalement plus un écœurement dû à l’excès de douceur, une overdose de rythmes doux mais inconsistants et répétitifs, étalés sur quatre minutes. Bref, un bien mauvais début, assez décevant compte tenu des attentes que l’on était en droit d’avoir à la sortie de l’EP.

Cosma (Le Crayon) n’est quant à elle pas mauvaise et possède un rythme majoritairement sympathique, mais souffre du même problème : j’ai quand même vraiment du mal avec ce ton doucereux, qui me semble en sus cruellement manquer d’inspiration, terriblement convenu en fait.

Vient ensuite la meilleure track de l’album, celle que Kitsuné a carrément choisi de promouvoir via un clip, le premier pour Pyramid d’ailleurs. Et ce n’est pas un hasard si c’est ce morceau qui a servi à la promotion de l’album : Wolf (Pyramid) est un pur concentré de sons relativement inspirés qui, bien qu’assez techno, savent varier pour raconter une histoire. Malheureusement, si j’aimais autrefois beaucoup cette track, force m’est de désormais reconnaître qu’elle manque un peu de punch et de mordant, quand bien même elle en a la volonté et les épaules. Mais il manque un petit truc, petit truc que la reprise flamboyante à 3:00 ne fait qu’esquisser. Un très bon morceau quand même, bien au-dessus du reste de l’album.

Car Utopia (Pyramid & Le Crayon) renoue immédiatement ensuite avec les bonbons, les pétales de rose qui tombent et les sucreries qui dégoulinent. Oui, c’est exactement à ça que ça me fait penser. J’ai l’impression d’être dans le monde de la nourriture de Rayman 1 quand j’écoute cette track. Oh, cela pourrait me rappeler des bons souvenirs, mais non. Au contraire, j’ai plutôt l’impression de me sentir dégouliner, fondre en guimauve sucrée jusqu’à l’overdose. A l’image de Cosma, Utopia n’est pas mauvaise, et possède quelques bonnes variations de rythme. Mais encore une fois, sa répétitivité doucereuse la dessert, et son refrain bon enfant finit par agacer, malgré une durée à peine supérieure à trois minutes.

On enchaîne directement sur le remix de Cosma par Pyramid. Surprise, le côté un peu sucré collant disparait totalement, et les sons sont bien plus proches de ce à quoi Pyramid nous a habitués par le passé. Malheureusement, le jeune Lyonnais décide de se la jouer Daft Punk au tiers de la track pour varier les rythmes, mais euh… non, c’est totalement raté. Dommage car le reste est réellement sympathique : Pyramid tire la quintessence du rythme initié par son comparse et rajoute par-dessus son propre son, afin d’en faire une track éminemment sympathique. On reste a des lieues de ce qu’il a pu faire par le passé, mais vu le matériau d’origine on s’en contentera.

On termine l’EP sur le remix de Wolf par Le Crayon. L’originale étant bien meilleure que tous les autres morceaux précédemment analysés, on pouvait légitimement se demander comment il allait réussir à faire mieux, ou ne serait-ce qu’intéressant en marquant sa différence. Eh bien, il ne fait ni l’un ni l’autre. Le résultat n’est pas mauvais, il est simplement inconsistant, inintéressant : il s’écoute sans problème, et possède même un rythme plutôt bon au départ… rythme répété sans inventivité sur quatre minutes encore une fois. Les nombreuses variations de rythme présentes dans l’originale ne sont même pas toutes reprises (mettre un blanc de cinq secondes et repartir sur le même son c’pas une variation de rythme hein), et la lassitude finit par pointer le bout de son nez, malgré quelques moments sympathiques. Quand on pense que l’album finit là-dessus, c’est un peu triste. Mais tristement à la hauteur de l’EP.

Je conclurai sur la définition de mièvre que nous propose gracieusement le Larousse, selon moi définitivement le mot le plus adapté à cet album : « qui est d'une grâce affectée et fade, qui manque de vigueur, d'accent ». On sent une certaine grâce, une certaine volonté, le temps de quelques sons, lors de quelques rares variations. Mais l’EP est globalement fade, inconsistant. Il manque de punch, et à part Wolf aucune track ne marquera qui que ce soit. Je ne sais pas si c’est le style du Crayon qui est en cause (ce qui parait probable lors de l’analyse des différentes tracks), ou s’il ne s’agit que d’une faiblesse de Pyramid, ou bien simplement la combinaison des deux. Mais dans tous les cas, à l’image de la cover, le résultat a de quoi faire un peu peur pour la suite de la carrière d’un jeune compositeur talentueux, à la base.
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le 1 juil. 2014

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