Pop sucrée, metal, délires et epicness en 77 minutes : VIVA NEAL MORSE
Des fois, j'annonce en grimaçant légèrement que j'adule Neal Morse. Oui, Neal Morse, ce génie de la musique qui a décidé de dédier sa carrière à Dieu après l'avoir entendu lui parler lors d'un footing.
Vous situez le truc.
Et pourtant. On peut décider du jour au lendemain de quitter la tête d'un des meilleurs groupes du monde (OHAI Spock's Beard !) et faire une carrière solo génialissime. Avec "Oh God" et autres "Jesus" présents un morceau sur deux, soit.
Maintenant que le cadre est posé, laissez-moi vous parler de Sola Scriptura parce que, hé, c'est pour ça qu'on est là non ?
Histoire de ne pas nous épargner un des clichés du rock progressif, Sola Scriptura est un concept album sur la vie de Martin Luther (pas King, le moine créateur du protestantisme, merci Wikipedia), composé de seulement 4 chansons.
Ca fait peu, sauf que seul un titre fait 5mn, les autres en faisant 16 au minimum.
On retrouve dans ces 77 minutes de musique tout ce qui fait le charme de Neal Morse : des mélodies très sucrées et accrochantes, un sens aiguisé de la pop, de gentils délires pseudo-expérimentaux, un mélange de genre (le passage salsa-hispanisant au milieu de The Conflict) des choeurs des fois à la Gentle Giant, le tout donnant un mélange entre musique accessible et prog des plus agréables.
Mais petite nouveauté de l'album qui a du poids et le place direct dans les meilleurs : on a rarement entendu un album de pop aussi lourd dans le son. Je sais pas si Luther était du genre mec énervé ou si Neal l'était lors de l'écriture de l'album, mais on est constamment à deux doigts du metal. Alors oui, c'est de la pop, mais écoutez les premières minutes de The Conflict et ses guitares bien heavy par exemple.
Et ce n'est pas qu'une chanson : globalement, tout l'album est très rentre-dedans et agressif (attention, on parle de pop ET de Neal Morse : ça devrait être rose bonbon et youpitralala, donc le contraste est plus grand). Et ce dès l'intro de The Door, premier morceau de l'album. ET DIEU QUE C'EST BON.
Donc vous avez votre pop sucrée, des délires genre passage salsa, des guitares metal, un choeur, un orchestre. Reste le dernier ingrédient pour rendre l'album sublime : l'EPICNESS.
Car Sola Scriptura est d'une epicness à toute épreuve mes amis. Les dernières minutes sont à ce titre tout simplement éblouissantes (à mes yeux du moins). Néanmoins, ce qui est à la fois un énorme atout (c'est ce qui me fait écouter cet album encore et encore sans m'en lasser) peut aussi être un de ses principaux défauts.
En effet, la structure des morceaux de Sola Scriptura est plutôt déroutante à première vue : à part Heaven In My Heart (la ballade de l'album, plutôt mignonne et surtout dotée d'un très beau final, mais j'y peux rien, rien que son titre me donne envie de rire en me jetant d'une falaise), tous les titres ne sont "que" une succession de mini-chansonnettes de 2 à 6 minutes bien intégrées les unes aux autres mais sans lien logique de l'une à l'autre. Aucun refrain qui encadre un morceau, pas de ligne mélodique pour nous montrer clairement l'avancement ... Non au début, on croit un peu à un foutage de gueule.
Puis on détecte un thème qui réapparaît 2-3 fois dans un morceau et qui réapparaît tout autant dans les autres. Puis un autre thème, pareil. Et encore un autre ... Et c'est là qu'on comprend que malgré la "pause" réelle entre chaque piste du CD (et celle faite avec la courte ballade Heaven In My Heart), l'album est plus ou moins une chanson unique.
Retrouver des thèmes régulièrement toutes les 5 minutes est toujours agréable dans un album (encore plus chez Neal Morse, qui sait vachement bien nous amener ça), mais décider d'amener tout ça dans un Grande Finale, il fallait le faire. Et, devinez quoi, Neal Morse l'a fait.
Le dernier morceau, intelligemment nommé The Conclusion (DAH), est un condensé de tous les thèmes de l'album passé sa première moitié. On pourrait crier de rage face au recyclage et à l'apparente facilité de l'opération, sauf que c'est tellement bien fait que non, on peut pas. On se retrouve donc avec une fin à rallonge, faisant s'accumuler les thèmes dans une version 2.0, avec plus de choeurs (dégoulinants, je vous préviens), plus d'instruments, plus de ... plus de tout. C'est fantastique. Une montée en puissance incroyable qui me laisse personnellement pantois, à m'égosiller avec le chanteur dans l'appartement pendant 5 minutes non stop. OUI JE CRIE JESUS ET ALORS.
Puis l'album se clôt doucement sur quelques notes de piano, et on reprend ses esprits, le coeur battant encore la chamade. Et on a des fois qu'une envie : remettre la première piste. C'est CA un grand album.
Pour finir je dirais que pop sucrée, flirts omniprésents avec le metal, passages instrumentaux excellents, délire hispanique, mélodies impeccables et ULTRA EPICNESS font de Sola Scriptura un de mes albums favoris.
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