Produit en 2019 par Sony Masterworks, Solo Monk est le premier EP d’une série rendant hommage aux plus grands pianistes de bebop qui ont influencé Pasquale Grasso, guitariste italien de 35 ans.
Je me suis toujours dit qu’il n’y avait aucune raison physique pour qu’un guitariste ne puisse pas conduire les voix comme le font les pianistes. Pasquale Grasso prouve ici la justesse de cette intuition. Ses notes finement articulées, ses accords frappants, et ses phrasés construits autour d’arpèges peu courants montrent que les guitaristes gagneraient beaucoup à enrichir leur jeu en s’inspirant d’autres instruments. Son interprétation du style pianistique est un véritable exploit technique qui mérite à lui-seul d’être salué.
Comprenons-nous bien : Pasquale Grasso ne se contente pas de reproduire avec brio le jeu des plus grands pianistes; il apporte aux standards du bebop une profondeur propre à la guitare.
J’oserais même dire que Solo Monk contient l’une des meilleures versions de Round Midnight à la guitare – et la concurrence est rude. Non seulement il saisit, de façon originale, le jeu pianistique de Monk, mais il parvient à insuffler, avec un toucher précis et affirmé, une compréhension profonde de l’âme de ce morceau. Loin de se limiter à une imitation de Monk ou à une simple complexification harmonique, Grasso nous transporte, comme peu de versions le font, dans l’atmosphère enivrante des rues de New York à minuit grâce à une exploration du manche peu commune, inspirée par les grands pianistes qui l’ont marqué.
Solo Monk est le premier et, selon moi, le meilleur EP de sa série Solo; toutefois, tous les enregistrements qui la composent, Solo Holiday, Solo Bird, Solo Bud, méritent également toute notre attention.