Le jazz, j’y comprends rien. Miles Davis, John Coltrane, j’en entends parler par tous les musicos qui touchent leur bille « Le modal mon gars ! », « Mais mec John Coltrane quoi ! ». Alors vas-y que je fouille les forums à la recherche de myxolydien, d’aéolien… Des mois plus tard, j’arrive tout juste à ajouter une petite tierce majeure ou une sixte majeure à ma gamme mineure sur mon petit backing track blues, et même à placer quelques arpèges maladroits. Ca me rend heureux. Le premier demi-pas vers une dimension supérieure. La musique modale, c’est un monde à part que je n’ai pas encore saisi, à l’image du jazz en fait. Mais j’y travaille.
Il y a une indubitable alchimie dans ce quintet, composé de musiciens qui ont à eux tous des montagnes d’enregistrements à leur actif. Les deux stars que sont Cannonball Adderley et Miles Davis sont comme prévu ahurissants de lyrisme et de virtuosité et leur cohésion est palpable. On conçoit aisément qu’ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre et qu’ils ont fait un bout de chemin ensemble.
Les morceaux sont d’une telle richesse qu’on peut réécouter chaque piste en boucle plusieurs fois en boucle sans se lasser. Selon moi cette profusion d’idées vient de la liberté donnée à chaque membre. Les deux instrumentistes rythmique et le pianiste soutiennent les deux têtes d’affiche en restant la plupart du temps à leur place, mais leur touches personnelles se ressentent et il en résulte une musique qui s’envole tant elle est légère et mélodieuse. Ecoutez le jeu sautillant d'Hank Jones, les subtils contre temps d'Art Blakey ou cette basse qui tourne à l'infini de l'autre Jones sur le morceau éponyme, c'est unique.
Comment le merveilleux saxophone alto de Cannonball Adderley parvient-il à m’hypnotiser ? Il aurait su me l’expliquer comme il expliquait ses compositions lors de ses concerts, mais je crois que je me boucherais les oreilles.
Un bisou pour celui qui comprend le jeu de mot du titre.