Je pense qu'on est jamais objectif à partir du moment où l'on écrit une chronique d'un quelconque album, ou d'un quelconque film, d'un quelconque livre ect... Je n'aime pas vraiment utiliser la première personne quand j'écris un article de ce genre (ça fait limite péteux ou monsieur je-sais-tout... WHATEVER j'ai envie de dire!). SOMEWHERE IN TIME est mon album préféré d'Iron Maiden, et pourtant je ne pense pas que ce soit leur meilleur album, mais ça c'est un autre sujet. On parle d'affect ici, tout en gardant un œil critique sur l’œuvre qui nous est présenté! Bref comme je dis très souvent, je fais ce que je veux, de toute façons pas grand monde va lire ça!
Remettons-nous dans le contexte: 1986, la décennie glorieuse du Heavy Metal, nous en sommes déjà à la moitié, il est temps de révolutionner le genre. Ainsi Judas Priest décide notamment de surprendre en utilisant pour la première fois, des synthétiseurs pour agrémenter leur musique, et cela ne manque pas de défrayer la chronique. Exercice périlleux qui donnera naissance à leur album TURBO qui s'apparente plus à du Bon Jovi bourrée de testostérone qu'à un chef d’œuvre! Néanmoins, c'est un album assez apprécié par la masse aujourd'hui! Mais revenons à nos moutons! Dans le documentaire "Behind the Iron Curtain" filmé pendant la tournée World Slavery Tour entre 1984 et 1985, Bruce Dickinson, l'air hilare, narguait un fan de la Vierge de Fer en lui disant qu'il était impossible de voir se marier des claviers et du heavy metal! Bien mal vous en a pris Monsieur Dickinson! Car en 1986, la joyeuse troupe de Steve Harris décide de vivre avec son temps et lance son Somewhere In Time qui s'inscrira dans les annales du groupe car, malgré les risques que présentent une telle expérimentation musicale, Maiden va encore une fois s'en sortir de fort belle manière.
Car oui, confirmer après un album tel que Powerslave relevait tout simplement du tour de force, mais quand on connaît la légende qu'est Iron Maiden aujourd'hui, cela n'a rien de surprenant. Il faut avant tout savoir que cet album est aussi en grande partie l'oeuvre de deux hommes que je qualifierai non sans honte de génies. Adrian Smith et Steve Harris ont portés à bout de bras ce projet ambitieux qu'est Somewhere In Time. Le principal travail de composition étant l'oeuvre de ces deux artistes. L'album s'ouvre sur "Caught Somewhere In Time" avec une rafale de claviers rappelant l'univers SF et les délires futuristes de la pochette (mais j'y reviendrais). Probablement le titre le plus speed de Maiden, nul besoin de rappeler la maîtrise et la technicité des musiciens. Ce morceau résume parfaitement l'état d'esprit affiché sur l'album. On ne perd pas de vue le "son" typiquement "Maidenien", mais un vent de nouveauté souffle dans nos oreilles c'est sur. On est bien loin de la production sèche de Powerslave. Ici, le son se fait plus lisse tout en gardant une certaine agressivité propre au genre musical. Le morceau suivant, n'est autre que le grand classique "Wasted Years" disposant d'un riff pour le moins original et accrocheur, et un break à couper le souffle. La basse de Harris se fait envoutante, faisant preuve d'une efficacité redoutable, efficacité dont seul Maiden a le secret. Le coeur de l'album est a mon sens plus complet que celui de POWERSLAVE, bien qu'un cran en dessous au niveau de "l'architecture" des morceaux. Point de morceau instrumental, et moins de complexité. En témoigne des chansons comme "Sea of Madness", "The Loneliness of the Long Distance Runner" et "Déjà-vu", qui sont pour le moins conventionnelles pour le Maiden des 80's... Ce qui veut dire exceptionnel pour n'importe quel autre groupe de Heavy lambda! Les mêmes ingrédients, mais toujours le même régal. Toutefois, les autres morceaux que je jugerais de plus "original" sont de véritables bombes. "Heaven Can Wait" le deuxieme classique de l'album, est un hymne, taillé pour le live avec son pont et ses "wohoho". "Stranger In A Strange Land" est une chanson assez unique en son genre, de par son feeling, elle se démarque beaucoup du reste de l'album, et fait figure de "pause" au milieu de l'album, notamment grâce à son mid-tempo, et a son solo tout simplement savoureux! Enfin le morceau épique made in Harris "Alexander the Great" est sans surprise, c'est à dire magnifique. Plus mélodique que jamais, toutefois un cran en dessous de tout ce qu'il a pu composer avant, la faute à un break parfois un peu brouillon, et a des paroles qui font plus "cours d'histoire de 3eme" que narration historique! Mais ce ne sont que de légères ratures, et il faut bien avouer que succéder à "The Rime of the Ancient Mariner" n'était pas chose aisée!
Somewhere In Time est trop souvent "boudé" par Maiden en live, la faute à un contexte difficile et quelques tensions entre le groupe et Bruce à l'époque ainsi qu'au contrecoup de la gigantesque tournée World Slavery Tour. Néanmoins, Somewhere In Time figure sans problèmes dans les grands albums classiques du groupe, et ne possède que peu de fausses notes. Je pense que chaque album de Maiden possède une aura propre à chacun d'entre-eux, mais de tous, c'est celle de Somewhere In Time qui me touche le plus. Une musique rapide et mélodique, qui donne envie d'aller de l'avant et de savourer chaque minute. Enfin comment ne pas parler de la sublime pochette de l'album signée Derek Riggs. Beaucoup de détails et de clins d’œil au groupe apparaissent sur cette oeuvre, fruit d'un travail acharné de la part du dernier cité! Le petit plus qui rajoute du charme à un album qui en possède énormément.