Song Machine, Season One: Strange Timez par Strangeman57

 Le projet Song Machine / Season One est arrivé au bon moment, où le Coronavirus commençait à inquiéter, les extraits nous accompagnant durant le confinement et ce déconfinement un peu trouble ; nous avons enfin eu du temps pour nous exciter à nouveau sur une sortie de Gorillaz. « Momentary Bliss » avait ouvert le bal à merveille, tel un feu d'artifice mené par les punks de slowthaï et Slaves. On avait forcément envie d'entendre la suite ! Quoi que… Le single « Humility » était aussi coolos mais ça n’a pas empêché le précédent album The Now Now dont il était tiré d’autant tomber dans l'oubli que leur The Fall, malgré leurs quelques qualités respectives. Mais là d'après certains critiques, on n'a pas affaire à n'importe quoi, tout simplement leur meilleur album depuis Plastic Beach ! Ça peut se débattre, en tout cas on n'est toujours pas sur le même niveau.
 Le second single « Désolé » avec Fatoumata Diawara, s'il peut être par son instrumentation aussi agréable que le voyage nautique que propose son clip, ne m'a pas convaincu par son hook, qui répété finit par sonner insupportable, sans compter l'accent d'un Damon qui se tente au français. Je n'ai pas non plus compris l'engouement autour d'« Aries » et « Strange Timez », s’il faut maintenant juger la qualité du feat. plutôt que la qualité du titre… Pourtant de ces trois titres commencent à se dégager une sorte d'atmosphère, qu'une critique facile comme la mienne décrirait comme planante, avec une forte tendance à la contemplation mélancolique.
 Et ce n'est pas tout, par instants, l'essai retrouve l'esprit joueur et enfantin de leurs premiers albums ; le rap de Schoolboy Q sur « Pac-Man » et son gimmick puéril ou les claviers kitschs qui montent sur « Valley of the Pagans » en compagnie de Beck. C'est tout fou-fou. D'autres titres plus posés comme « The Lost Chord » ou « The Pink Phantom » en tête d'affiche fonctionnent tout autant…
 On a là autant la qualité que le défaut principale de cette galette ; chaque pièce propose son petit univers alors que sur leurs meilleurs, Demon Dayz en tête, toutes les pistes n'étaient que les pièces d'un même univers cohérent. On a mis de côté la storyline, la fiction, les persos pour un projet qui n'est maintenant plus que musical. Voici peut-être le seul regret que j’émets, ça et l'inégalité des pistes qui est malheureusement une récurrence depuis Plastic Beach, voire toujours…
 Sur « Song Machine, Season One: Strange Timez », Damon retrouve donc sa fontaine de jouvence dans laquelle il se dépatouille pour paraître aussi Pop que durant ses plus grandes heures ; ça expérimente, ça tente beaucoup de choses et ça se tient (parfois de façon étonnante), en tout cas assez pour nous offrir un bon album de Gorillaz, où l'excentricité dégoulinante de Humanz est sous le contrôle d'une production plus limpide et aboutie façon Now Now. J'ai fait le deuil des émotions ressenties durant mes écoutes adolescentes, tant que le projet profite maintenant à la nouvelle génération.