Joni Mitchell, compositrice et interprète canadienne, bien souvent méconnue en France. Pourtant il semble évident que quelque force divine l'ait dotée d'une voix unique, oscillant entre le soprano et le contralto, et d'un sens rigoureux de la justesse. La fausse note, chose terrestre, sinon chtonienne, lui est étrangère. Sa discographie très variée démarre donc avec cet album, sobrement intitulé "Joni Mitchell" (mais dont on préfère le sous-titre "Song to a Seagull"). On ne peut pas en dire autant de la pochette, ce salmigondis de couleurs et de motifs psychédéliques s'inscrivant parfaitement dans l'époque. On est 68, ça chauffe. Par ailleurs, je crois que la pochette est en fait une toile signée de la même main que celle qui gratte délicatement les cordes d'une guitare sur la conventionnelle dizaine de morceaux qui composent cet album ; à savoir Joni Mitchell elle-même.
C'est le premier album de cette jeune canadienne de 25 ans, et cela se sent. Je ne veux pas dire par là que c'est un album de débutant, au contraire, je remarque que les dix chansons sont extrêmement travaillées, façonnées, polies, voire même lustrées. C'est une flopée de compositions pondues à vingt ans, dix-huit ans, peut-être même avant, et qui, dans l'attente d'un enregistrement studio, ont dû être jouées et rejouées par la mère Mitchell. Et puis, la jeunesse conférant vigueur et dynamisme, il arrive régulièrement que le premier album d'un artiste soit souvent le meilleur de sa carrière. Certes, Joni Mitchell ne cessera de gagner en technique (voir "Mingus" ou "Both Sides Now") mais jamais elle ne refera une œuvre aussi poétique et lyrique que "Song to a Seagull". Probablement est-ce parce que je suis moi-même encore jeune et rimbaldien que je m'incline et me pose en génuflexion à chaque fois que j'écoute "Michael from Mountains", "Cactus Tree", "Night in the city" ou encore "Marcie". C'est une œuvre très riche ! Il suffit de se laisser porter par l'envoûtante voix de la chanteuse qui mêle justesse et liberté dans des mélodies doucement mélancoliques. Il y aurait plus à dire, mais je n'ai pas le temps, j'ai réunion.
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