Comment ne pas penser aux Clash en écoutant shame ? C’est en tous cas ce qui vient de suite à l’esprit à l’écoute du premier album des jeunes Londoniens. Zoom sur ces nouveaux guns of Brixton.
En effet, à leurs débuts, quand le budget n’était pas assez conséquent pour trouver un local ou même des instruments, shame a eu l’opportunité de répéter dans le studio de Fat White Family, à…Brixton. A l’image de leurs aînés punks, les Anglais veulent en découdre, « tout casser » comme ils le confient au magazine Plugged de ce mois.
Songs of Praise est le premier album des cinq Londoniens et il est très réussi. On ressent les influences des grands groupes punk (Sex Pistols, The Clash, Ramones, etc.) avec, évidemment, une énergie débordante mais aussi des refrains courts, qui cognent, comme des mantras que l’on répète. « Joe Strummer, Mick Jagger et bien d’autres grands chanteurs rock ou punk n’avaient pas une voix exceptionnelle mais ils s’appropriaient tellement les chansons, les interprétaient tellement avec leurs tripes que ça compensait largement car ils imposaient leur style »¹ déclare Bruce Springsteen, c’est sur ce modèle-ci que le plan vocal de shame évolue. Sur chaque chanson, on retrouve le style Joe Strummer au chant.
Cependant, shame est bel et bien un groupe de la fin des années 2010. C’est confirmé sur One Rizla où on entend l’ensoleillement musical très anglais mais toujours rock que l’on trouve sur les deux premiers albums des Vaccines par exemple. Qui dit rock anglais, dit Oasis. On retrouve sur certains refrains le style Gallagher qui aime prolonger les voyelles pour donner un aspect pop à une chanson rock voire punk ici.
Plus de quarante ans après 1977 et le God save the queen des Sex Pistols, shame a une « envie de révolte » suite au « Brexit à la con et ce parfum d’apocalypse dans l’air » (propos à nouveau recueillis par Plugged) et nous sort un premier opus réellement punk avec une ambiance révolutionnaire que l’on n’a plus l’habitude d’entendre. Songs of Praise est déjà l’un des albums de l’année.
¹ « Born to run », Bruce Springsteen, éd. Albin Michel, 2016