Beau, original et accessible
C'est du haut de ses 19 ans qu'Emancipator réalise un petit coup de génie, pour son premier album. Emancipator, c'est un peu la simplicité raffinée, et notamment dans Soon It Will Be Cold Enough, quasi parfait. C'est sûrement cette complexe simplicité qui le rend si accessible, même pour ceux qui n'apprécie pas l'electro (ou plus précisément le downtempo). Il fait parti de ces artistes qui adorent inclure dans leurs productions des instruments organiques, ce qui rend l'ensemble parfaitement harmonieux et tout simplement beau. Du doux chant de Soon It Will Be Cold Enough To Build Fires à la guitare électrique de First Snow en passant par la mélancolie des violons de Anthem, cet album est doté d'une ambiance unique. On voyage ! Chant, guitares sèches, électriques, piano, violons, violoncelles, il y en a pour tous les goûts et on en prend plein les oreilles.
Dès les premières minutes on est emporté avec 'Eve'. On reconnaît là les sonorités japonaises downtempo de Nujabes (RIP), l'artiste et producteur qui a découvert le jeunot. Merci à lui au passage. Suit Soon It Will Be Cold Enough to Build Fires, avec son chant et sa guitare sèche accompagnée de quelques notes de piano. Efficace, juste ce qu'il faut pour aborder le décollage. La qualité atteint son paroxysme avec Anthem, emblématique, magnifique, qui commence doucement avec un piano et un chant en écho, et finit en apothéose en associant violon et violoncelle, à en coller des frissons. L'album vaut le coup d'être écouté uniquement pour cette song.
La deuxième partie de l'album est un peu plus plus convenue, avec notamment l'unique bémol : When I Go. Il a voulu apporter une note trip-hop, dommage car il n'excelle pas dans ce domaine et le rendu est fade, surtout niveau chant. Attention, il reste quand même de très jolis morceaux comme Father King qui a des sonorités presque post-rock, ou encore With Rainy Eyes et son piano enchanteur. Maps, Lionheart et Periscope Up valent le coup d'être écoutées, elles sont peut-être moins entraînantes mais ont des ambiances bien travaillées.
On sent dans ce Soon It Will Be Cold Enough toute l'influence de grands noms du downtempo tel que Wax Tailor (sur 'Anthem', 'Soon It Will Be Cold Enough To Build Fires'), Nujabes ('Eve', 'With Rainy Eyes', 'Lionheart'), Nightmares On Wax ('Smoke Signals'), ou encore Thievery Corporation ('When I Go').
Emancipator a tapé juste pour son premier opus. Il a réussi à créer un downtempo original, harmonieux, qui sort des sentiers battus. Ca change des mièvres productions du genre qui se suivent et se ressemblent. Il n'a rien inventé, certes, mais Soon it Will be Cold Enough a apporté une belle pierre à l'édifice qu'est la musique électro.