Just like an angel.
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Slowdive vs. My Bloody Valentine. S'il y a jamais eu une rivalité posthume entre ces deux têtes pensantes du shoegaze, elle n'existe probablement que dans quelques caboches émoussées par les trips intenses provoqués par l'un ou l'autre groupe.
Le son d'abord: d'un côté la sublimation du bruit, de l'autre la célébration de la beauté.
A force de s'être cassé le rocher à obtenir LE son, Shields en a presque oublié ses possibilités mélodiques. Ainsi, My Bloody Valentine aurait pu être ambient (et y aurait gagné en force, sans doute), mais le cerveau malade de Shields était persuadé qu'il pouvait lire entre les lignes de son bruit pour en tirer de la pop... Mais plus de quinze ans après la sortie de Loveless, il ne reste qu'un témoignage glacé, voire figé d'une époque fondatrice; alors Shields en a certes été un artisan, mais celui-ci semble s'être noyé dans un avant-gardisme qui sonne aujourd'hui un peu kitsh (la batterie est certainement celle qui a le plus souffert du temps qui passe, comme certaines parties de guitare, évoquant plus une vache beuglante que le fruit d'une expérimentation mûrement réfléchie).
La démarche de Slowdive a toujours été différente: le groupe de Reading a préféré garder la charpente pop pour la distordre et non l'inverse. Cela est certainement moins aventureux, soit. Mais en ce début de nouveau millénaire, il semble évident que sa musique a mieux traversé l'épreuve des années et des évolutions technologiques inhérentes que celle des irlandais.
Plus subtiles dans leur traitements du son, Halstead et sa bande ont en fait préféré placer toutes leurs billes expérimentales dans le même sac, celui de la guitare. Certainement un excellent choix.
Car la guitare est l'héroïne proclamée du rock depuis ses débuts: elle distribue la mélodie, mais aussi souvent l'ambiance d'un morceau. Et chez Slowdive comme dans beaucoup d'autres groupes, elle remplit les deux rôles, mais, fait plus rare, elle se révèle aussi efficace et talentueuse dans les deux domaines (après de nombreuses écoutes, on est encore émerveillé par cette incapacité à distinguer dans leurs chansons ce qui tient du synthétiseur ou de la guitare).
A tel point qu'on ne doute pas un seul instant que Souvlaki serait tout aussi plaisant sans tous ces effets de delay et autre phaser qui le traversent ("Dagger" en est un excellent exemple). Comme on peut imaginer sans peine qu'il s'en dégagerait cette même ambiance de sérénité et d'espace sans l'aspect mélodique.
On peut tout de même tempérer ces ardeurs, et ceci pour deux raisons. D'abord, parce qu'il est assez difficile de trouver la version originale de Souvlaki, qui se clôt sur le magnifique "Dagger" et non pas sur les bonus tracks dispensables voire ennuyeuses que sont "Some Velvet Morning", "Good Day Sunshine", "Missing You" et "Country Rain". La version remasterisée sortie en 2005 a d'ailleurs le bon goût (et c'est son seul mérite) de séparer le bon grain de l'ivraie, en proposant deux disques, le premier étant le VRAI Souvlaki, l'autre contenant les fameux (sic) bonus.
D'autre part, si l'on peut saluer ce Souvlaki comme un vrai chef d'oeuvre, il est aussi bon de souligner que leur dernier album, Pygmalion, sorte d'anti-Loveless totalement ambient, a aussi pris un sacré coup de vieux. Certainement pour les mêmes raisons que celles qui crucifient My Bloody Valentine aujourd'hui: un parti pris extrême pour obtenir LE son, au mépris d'un aspect mélodique pourtant souvent indissociable de la réussite totale d'un disque.
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Créée
le 28 août 2018
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