La virgule de trop
Dinos nous avait habitué à prendre son temps avant de sortir ses albums, mais les choses changent. Le premier, Imany, ne sortira que 2 ans après avoir été annoncé, vient ensuite le sublime Taciturne...
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le 2 déc. 2020
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Dinos nous avait habitué à prendre son temps avant de sortir ses albums, mais les choses changent. Le premier, Imany, ne sortira que 2 ans après avoir été annoncé, vient ensuite le sublime Taciturne qui sera réalisé en un peu plus de 18 mois et la cadence s'accélère pour Stamina, qui sort moins d'un an après son deuxième album. Le rap jeu actuel est ainsi fait, il faut produire vite et produire plus pour exister.
Le vrai challenge est alors de réussir à maintenir un vrai niveau de qualité, et malheureusement c'est le grand saut pour Dinos. On retrouve dans ce nouvel opus les thèmes chers à l'artiste : la mort, Dieu, la puissance maternelle et dans une moindre mesure, l'amour. Ce dernier pourtant omniprésent sur les albums précédents à tendance à laisser la place à un sujet beaucoup plus profond qui n'était pas central dans l'œuvre de l'artiste : l'argent. Suivant la tendance actuelle, il affirme son désir insatiable de faire de la moula.
L'album est beaucoup moins introspectif que les précédents, beaucoup moins intéressant d'un point de vue artistique. Dinos essaye de plaire à tout le monde en variant les styles mais se perd à l'image de son couplet dans le titre "Je Wanda". Toujours fasciné par la géopolitique ("j'aimerais tant reconstruire le Cameroun, reconstruire le Zaïre", "j'marchais avec des missiles comme l'Irak"), il ne cherche plus autant à cliver et nuance ses propos ("j'ai le cœur brisé comme la Palestine", "chez toi, y a plus de trou d'balles qu'en Palestine").
Le ton général est, comme à son habitude, fortement pessimiste mais les textes sont moins travaillés et beaucoup plus répétitifs. Difficile alors de trouver un équilibre entre sa volonté de donner une tonalité pop à l'ensemble et de transmettre une vision sombre dans le même temps. Le dernier titre de l'album, 93 mesures, sort de cette logique et fait du bien. On retrouve quelques bons feats qui donnent un peu de couleurs à l'album : Zefor et Zikxo sur Judas et la surprenante apparition de Nekfeu sur Moins un.
Stamina, prend donc clairement un virage pop mais termine dans le fossé. Dinos s'est fait connaître grâce à sa plume mais semble aujourd'hui s'en éloigner, j'espère que cet album ne sera qu'une virgule dans sa discographie et que la suite nous réservera autre chose qu'une recherche aveugle du succès... Mais doit-on en attendre plus de lui si tout ce qu'il veut c'est "la sacem de Sopran Baba" ?
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le 2 déc. 2020
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