1 an après le succès de Beauty Behind the Madness, The Weeknd rempile avec un nouvel opus attendu. Jusqu'à présent mon avis était plutôt modéré quant il s'agissait d'épiloguer sur l'artiste et son talent. Déniché par mes oreilles baladeuses peu avant que la hype germe réellement autour de lui, j'avais d'abord été séduit par sa reprise bien sentie de Dirty Diana, entendue à la volée lors d'une déambulation nocturne sur la radio Le Mouv', mais aussi troublé par ce mimétisme vocal totalement assumé voir même recherché avec le Roi de la Pop. Cette voix qui s'étire, ces notes aigües, contractées puis distendues, propulsées par les à-coups d'une mâchoire crispée et nerveuse, qui finissent par trembloter avec fébrilité et maîtrise à la fois... Un MJ à dreadlocks version 2.0, tout droit sorti de sa cryogénisation, était-il sur le point d'être créé dans les labos des savants fous des prod' Nord-Américaines ? La promesse était belle en tout cas.
Mais est-elle tenue ?
Le couronné Jackson étant indétrônable ici bas, et bien que plutôt à l'aise sur un dancefloor mais loin d'égaler le jeu de jambes de ce dernier, The Weeknd a vite comprit qu'il lui fallait trouver et travailler sa propre identité.
Cheveux fraîchement coupés, mais doté d'une force tranquille intacte, c'est précisément cette identité trouvée qu'il assoit dans ce nouvel album. En plein dans l'air du temps, néons multicolores dans la voix et casque des Daft Punk au travers de la gorge, il fait raisonner ici un R&B futuriste pop électronique, sexy et échoïque (rien que ça) qui va bien, boosté par des prod' sophistiquées.
Certes, les faiblesses originelles sont toujours présentes, on notera plusieurs excès de "vocoding" , les paroles sont à mettre au second plan et le rendu manque parfois de tonus, frôle la nonchalance. L'album connait quelques tendances à s'enliser dans la linéarité et même si l'on prend plaisir à flotter et planer dans cet avion là, on aimeraient qu'il soit parfois piloté un peu plus fermement.
Mais globalement le résultat musical est là et l'on soulignera plusieurs éclaircies sans nuages dans le ciel de Starboy : Mentions spéciales à Party Monster, doté d'échantillons d'un flow plus haletant qu'à l'habitude, qui lui sied bien, ou encore un Secrets à la "coolitude" indéniable, subtilement chaloupé (pour ne citer qu'eux). Mais il faudra aller jusqu'au bout de l'album, au 18ème étage, pour y écouter ce qui est certainement son titre le plus entêtant. Avec I feel it coming, l'influence de Nile Rodgers ne semble pas perdue et les Daft Punk prouvent une fois de plus leur talent de "hit-makers" en délivrant une production impeccable ou coule une funk moderne, fine, légère, diffuse, et cyclique, ponctuée par des touches de "Digital love". [Ces deux pépites sont d'ailleurs à retrouver dans le convaincant clip/court-métrage M A N I A*, particulièrement représentatif du projet]
A écouter dans sa voiture, en soirée autour d'un cocktail flashy, ou en faisant l'amour (ou tout ça à la fois si vous y arrivez), Starboy est donc un album majoritairement séduisant, résolument moderne, dont l'esthétique et les sons futuristes épousent les codes de la cyber-génération, avec ses qualités et ses travers, ses flamboyances et ses artifices. Une chose est sûre cependant : il sera désormais compliqué de taxer The Weeknd de chanteur du dimanche.
-> Trio sur le volet, ma sélection perso ;
♦ I feel it coming
♦ Party Monster
♦ Secrets