Je préfère commencer en avouant ne pas avoir écouté la Trilogie. J'ai découvert, comme beaucoup, The Weeknd avec son précédent "Beauty Behind the Madness" et ce qu'il propose avec "Starboy" en est la suite logique question conquête des charts. Car le nombre de passages radio, de vues Youtube et de numéros 1 internationales ne mentent pas ! Cet album est l'un, voire le plus grand acte Pop de 2016. Du coup, fallait que j'en parle ! J'ai eu la chance de ne pas avoir été martelé de ses tubes par la radio que je n'écoute plus, ce qui m'a permis de réellement découvrir l'intégralité de l'album à la première écoute.
Ce qui ressort d'abord, ce sont les productions des Daft Punk. Je ne dis pas ça car j'ai toujours été fan (voire ma critique nostalgique sur Discovery), juste car c'est une évidence. Le travail de Daft Punk ne semble jamais forcé ; je ne sais pas comment l'expliquer autrement que par une expression d'antan mais leurs compositions coulent de source. Le seul reproche que je pourrais leur faire, ce sont ces Vocoders à la fin d'"I Feel It Coming", pas forcément utiles, mais bon, on ne se refait pas ! Puis ils sont pardonnés par leur réussite : avec un simple gimmick au synthé en fond, ils arrivent à insuffler une ambiance, une magie à ce morceau que peu arrivent à reproduire de nos jours.
Faisons d'ailleurs la comparaison, on retrouve d'autres titres Electro-Dance inspiré 80's sur Starboy ("Rockin'", "Secrets", "Love to Lay", "A Lonely Night") qui n'atteignent jamais la même justesse qu'"I Feel It Coming", peu importe la façon dont ils ont soigné le packaging et le nombre d'artifices utilisés. Bon, faut dire que derrière 3/4 de ces titres, on retrouve un certain Max Martin, à l'origine de l'insupportable "Can't Stop the Feeling" de Justin Timberlake, elle aussi bien placée niveau martelage médiatique en 2016. Je ne vais néanmoins pas cacher mon plaisir, car j'en ai tout de même pris à l'écoute de ces morceaux.
D'ailleurs, j'en ai pris sur chacune des pistes de différentes manières, ce qui est étonnant pour un album qui n'évite pas la redite, que ce soit au niveau des thèmes abordés ou des compos (par exemple, "Ordinary Life" est une suite de "Starboy"... je n'ai rien contre ce genre de Face B, au contraire, j'adore jouer au jeu des 7 différences). Mais voilà, les productions sont bonnes, The Weeknd donne ce qu'il a de plus Pop dans son song-writing et dans sa voix, lâchant même l'auto-tune, nous questionnant alors sur le pourquoi de son utilisation. Cela gâche en effet quelques passages mais malgré ma haine envers cette astuce, elle est souvent utilisée à bon escient ici, c'est-à-dire en fournissant un véritable travail mélodique, ce qui n'est pas le cas, disons, de la moitié des rappeurs et artistes R&B actuels.
"Starboy" était donc une machine de guerre pour les charts. Les fans ne seront pas dépaysés car on retrouve le style R&B au beat trap atypique du bonhomme sur une bonne partie des pistes, l'autre partie étant destiné à conquérir un public plus large. Et ça a marché, car le boulot est fait. On a même affaire à quelques curiosités comme le très réussi feat' avec Kendrick Lamar ou le post-punk "False Alarms" (dont on ne sait pas trop quel public il visait). Lana del Rey, sans doute une de ses muses, fait quelques apparitions pas désagréables et seul le featuring "All I Know" avec Future m'est passé un peu à côté pour son style d'ambiance expérimentale.
Bref, beaucoup, beaucoup (trop?) de choses et c'est sans doute ce qui empêchera notre "Starboy" d'arriver au même niveau Pop que son influence Michael Jackson, dont les albums classiques des années 80 n'ont jamais dépassé les 11 pistes et où chaque titre était assez différent pour être un tube potentiel, rappelons-le. "Starboy" et "I Feel It Coming" ne suffisent pas, si ce n'est qu'à faire de l'ombre aux autres morceaux. Que la qualité prime sur la quantité pour son prochain, c'est tout ce que je nous souhaite.