Still Sucks
5.6
Still Sucks

Album de Limp Bizkit (2021)

Après l’implosion du groupe au sommet de sa gloire en 2001 et le départ (puis réintégration) de son guitariste Wes Borland, Limp Bizkit s’est longtemps cherché : moins metal et plus rock tendances ballades sur Result may vary, puis plus sombre et très influencé par Rage against the machine sur The Unquestionable Truth (Part 1).


Avec la parution de Gold Cobra en 2011, la formation de Jacksonville semblait avoir retrouvé sa patte et son identité qui ont fait son succès : des riffs, du groove et ce côté branleurs !
Mais cette apparente stabilité fut de courte de durée et l’avenir du groupe incertain. Malgré deux singles très prometteurs sortis en 2013 et 2014 (Ready to go et Endless Slaughter), la production du successeur de Gold Cobra semble s’enliser au fil des années et l’espoir d’un nouvel album s’amenuise.


La surprise fut donc de taille lorsqu’une nouvelle chanson fut publiée il y a quelques semaines et la date de sortie du nouvel album balancée dans la foulée !
Bon alors qu’est-ce que ça donne après 10ans d’attente et un perfectionnisme de la part de Fred Durst qui a réenregistré toutes ses voix car il n’était pas satisfait des premiers résultats ?


Une première déception : l’album ne fait que 32min et les chansons dépassent rarement les 2min30.
L’album est très hétérogène, on navigue entre hip-hop old school, ballades acoustiques, et riffs groovys. L’ensemble est un peu bordélique et laisse malheureusement une impression de compilations de B-sides.
On est loin d’un album maîtrisé et ambitieux comme pouvait le laisser présager le single Endless Slaughter ou bien les infos qui fuitaient depuis des années sur les réenregistrements sans cesse jusqu’à atteindre un résultat qui satisfaisait le groupe.
Là j’ai plutôt la sensation au contraire d’écouter un album très spontané, écrit et enregistré dans l'urgence.
Concernant les points positifs : j’aime quand un groupe se fout complètement du "quand dira-t-on" et suit ses envies, quitte à opérer des virages drastiques (rien de plus insupportable qu’un groupe qui annonce « un retour aux sources »)
Et là, Limp Bizkit s’en bat clairement les couilles et fait ce dont il a envie de façon décomplexée, et ça c’est une mentalité qui me plait ! Bon après ça leur donne encore une fois l’occasion de se victimiser en tant que mouton noir du metal et de clasher les haters avec plus ou moins de réussite.
Album franchement moyen donc (surtout inégal), et pourtant c’est toujours un plaisir d’écouter un nouvel album de Limp Bizkit, comme retrouver une ancienne bande de potes après des années.


Pour l’analyse titre à titre :


Out of style : ça démarre très fort avec un riff monstrueux de Wes Borland immédiatement identifiable, un son bien lourd et un refrain bien mélodique et catchy avec une guitare hypnotique. Premier et meilleur titre de l’album


Dirty Rotten Bizkit : ça repart avec un riff bien lourd. Un titre somme toute classique, dans le pur style de Limp Bizkit, mais efficace malgré le chant un peu plat pendant le refrain.


Dad vibes : premier single sorti il y a quelques semaines. Je n’ai pas immédiatement accroché, trop basique, mais au fil des écoutes, le titre fonctionne plutôt bien et on se surprend à bouger la tête.


Turn it up bitch : grosse influence Cypress Hill sur celle-ci, l’instru se résume à une ligne de basse (ou un sample ?) qui tourne en boucle sur 4 notes + un rap de Fred Durst, qui avec DJ Lethal est donc seul sur ce morceau. Titre franchement dispensable.


Don’t change : première surprise, une guitare acoustique et une voix chant clair pour une reprise soft d’un titre d’INXS. On se croirait revenu à l’époque de Results may vary où Fred Durst se rêvait en crooner. Titre sympathique, tout comme l’était un Behind blue eyes.


You Bring out the worst in me : la basse de Sam Rivers est enfin mise un peu en avant avec une ligne éthérée de Wes Borland pour un couplet posé, avant un refrain gueulé (enfin !) et un gros riff qui n’est pas sans rappeler la période The Unquestionable Truth.


Love the Hate : une instru sombre de DJ Lethal sur un rap entre deux potes (le second est Wes Borland ?) qui crachent leur haine sur Limp Bizkit, puis Fred Durst qui balance qui s’en fout et que ça lui passe au-dessus (on a déjà vu ça pas mal de fois le côté « fuck les haters »). On notera un refrain (avec la guitare qui fait son entrée et se contente de suivre l’instru de la basse) assez particulier avec une ligne de chant surprenante.


Barnacle : morceau plutôt rock, linéaire et plat. Pas grand-chose à dire ni à en retenir, sans intérêt.


Empty hole : Pour la seconde fois, chanson acoustique/voix. Plutôt sympathique.


Pill Popper : on revient sur les bases, les grosses guitares sont de sortie (Wes Borland a retrouvé sa Whammy) pour un morceau énervé qui fait le job, sans trop se fouler cependant.


Snacky Poo : DJ Lethal et Fred Durst de nouveaux seuls sur titre purement hip-hop et ironique. Putain y’a rien dans ce morceau, c’est vraiment inutile, sans parler de cet interlude interminable à la fin, un appel téléphonique entre un journaliste qui pose des questions de merde à Wes Borland visiblement gêné et agacé qui se contente d’un laconique « yes » pour seules réponse.


Goodbye : on en est (déjà) au dernier morceau. Une rythmique funky et une guitare acoustique pour un chant clair. C’est très pop, décomplexé et catchy (comme pouvait l’être un « Crushed » sur la BO de End of days), on ne va pas bouder ce petit plaisir coupable très agréable.

Kwal
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Créée

le 3 nov. 2021

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Kwal

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