Lords of Chaos par Kwal

Réalisé par le batteur originel de Bathory (précurseur du Black Metal), Lord of Chaos se penche sur les débuts de Mayhem, groupe majeur de la scène Black Metal des années 90, et en particulier sur son fondateur et leader, le guitariste Øystein Aarseth alias Euronymous et ses relations d’amour/haine avec Varg Vikernes (Burzum, autre figure incontournable de ce milieu).

Concernant la musique, on alterne entre Black Metal évidemment (qui n’est ni du Mayhem, ni du Burzum qui ont tous deux envoyé chier les producteurs, ça c’est l’esprit Trve Black !) et des compositions atmosphériques de Sigur Rós qui s’intègrent parfaitement à l’ambiance, particulièrement lors des scènes d’incendies d’églises, esthétiquement magnifiques (même si cela me fait mal au cœur de voir brûler ces chefs-d’œuvre que sont les Stavkirke, ces églises médiévales norvégiennes en bois).

Le film est interdit aux moins de 16ans, ce qui est justifié au vu de trois scènes très dures et relativement longues :

Concernant la véracité de ces scènes, et du film de façon générale, tout semble très fidèle à la réalité historique. A ce sujet, et pour creuser le sujet, je vous recommande Until the Light Takes Us, où des acteurs de la scène Black Metal norvégienne des années 90, dont Varg Vikernes himself sont interviewés et apportent des témoignages retranscrits avec précision dans Lords of Chaos.
Malgré cela, Varg Vikernes a qualifié le livre dont est tiré le film de merde, avec des personnages stéréotypés d’Hollywood, et il a annoncé qu’il ne regarderait pas le film.

Il faut dire que son personnage n’est pas décrit de façon très flatteuse : maladroit, balourd, violent, misogyne, et stupide.
C’est d’ailleurs ce dernier point qui m’a un peu énervé, surtout lorsque Varg invite les deux journalistes chez lui, car je doute qu’il soit aussi bête que cela nous est montré.
Et puis surtout cela dessert la portée du message : le spectateur a assez de recul pour se rendre compte de lui-même que les True Black metalleux étaient ridicules et se prenaient beaucoup trop au sérieux, pas besoin de créer des situations presque burlesques pour le montrer.

L’aspect que je trouve le plus intéressant dans le film, c’est la confrontation des deux visions du Black Metal entre Euronymous et Varg Vikernes, comment une amitié mêlée à une admiration réciproque se transforma en haine, car le premier était dans la posture et le show, et n’avait peut-être pas le cran d’aller au bout de ses idées, tandis que le second avait une vision très « pure» et extrême de ce que devait être son art.

Un détail dans le film, qui ne l’est pas pour la compréhension du bonhomme : l’aversion de Varg pour le christianisme n’est pas lié à un supposé satanisme de sa part mais à son paganisme. Il justifiera ses actes par le fait que les églises ont été construites sur des sites sacres de vikings.

Lord of Chaos est une très bonne introduction à l’univers du Black Metal pour peu que ce milieu vous intéresse ou que vous soyez curieux.