The true Mayhem ... ou pas.

Attention Spoil : Pour les personnes ne connaissant pas l'histoire de Mayhem et du Black Metal.

Mayhem … Le sulfureux groupe de Black Metal norvégien fondé en 1984 par le guitariste Øystein “Euronymous” Aarseth interprété dans le film par Rory Culkin (Le frère de Macaulay Culkin) voit sa sombre époque meurtrière, incendiaire et suicidaire adapté dans un long métrage. Aux commandes, Jonas Åkerlund ancien batteur de Bathory entre 1983 et 1984 et aujourd’hui réalisateur spécialisé dans les clips pour des figures célèbres de la musique tels que Lady Gaga, Madonna ou encore le groupe allemand Rammstein. Sa connaissance du milieu de la musique extrême pouvait être de bon augure, qu’en est il vraiment ?

Je suis moi même fan de Metal depuis une bonne quinzaine d’année. le groupe Mayhem avait suscité en moi étant adolescent une certaine fascination d’une part par sa musique froide agressive et repoussant toujours les limites mais également par tout le mythe que s’est forgé le groupe de par son histoire. Meurtre, incendie d’église et suicide voilà comment ce groupe venant de la Norvège prospère et paisible a su défrayé la chronique au début des années 90. Cependant, les années ont passé et de l’adolescent influençable et impressionnable que j’étais, je suis devenu à peu près adulte (C’est déjà ça) et aussi fort qu’est mon amour pour cette musique et ce groupe, j’ai su prendre un certain recul face à toutes ces histoires.

Dès le début du film, on se rend compte que ce n’est pas forcément comme on pouvait imaginer ces "suppôts" de Satan. C’est un groupe de jeunes adultes voire ados souvent de bonne famille qui s’ennuient dans leur Royaume de Norvège. Ils tuent le temps en buvant des bières, en faisant peur aux mamies et aux bonnes familles dans la rue et à jouer de la musique. Des jeunes à peu près normaux de prime abord. Jusqu’au moment où le jeune Euronymous recherche un chanteur pour son groupe. Le suédois Pelle “Dead” Yngve Ohlin répond à l’appel en déposant sa candidature avec en guise de CV sa démo et en lettre de motivation une souris morte crucifiée. Le film commence vraiment, la course au malsain et au lugubre sera de plus en plus intense avec l’arrivée de Dead. Pelle est un jeune suédois ayant frôlé la mort étant enfant et ayant depuis développé ce qui pourrait s’apparenter au syndrome de Cottard. Profondément dépressif et fasciné par la mort, il n’hésitera pas à se taillader les bras en plein concert et accomplir de petits rituels bien précis avant ses prestations que je vous laisserai découvrir par le biais du film ou en vous documentant sur cette icône toujours vénérée par certains aficionados de Black Metal. Cette bande au grand complet est prête à faire les 400 coups mais, un drame venant achevé la première partie de cette histoire va survenir, Dead is dead. Il a décidé de rejoindre la mort qu’il a tant fasciné plongeant ainsi Mayhem à son point de départ avec en prime l'éviction du bassiste Jorn “Necrobutcher” Stubberud qui est dépeint certainement comme la personne la plus censée dans cette histoire.

Cette première partie pose bien les bases de cette futur escalade de violence grâce notamment à la folie de Dead qui expose ses délires malsains, sa volonté de mourir de plus en plus palpable et a su influencé Euronymous dans sa volonté de faire de Mayhem le groupe le plus extrême, diabolique et chaotique de la scène Metal. Cette partie est je pense la plus violente et la plus dérangeante du film car, la descente aux enfers de Dead est très bien retranscrite et saura certainement bousculé le spectateur ignorant tout de cet univers (déconseillé aux amoureux des animaux).

Pour les personnes ne connaissant pas un minimum l’histoire du Black Metal, ils seraient en droit de se demander ce qui pourrait se passer de pire dans la suite du film et c’est là que Kristian Varg Vikernes fait son entrée. Autre figure de cette période et ayant fait il y a quelques années des émules dans notre hexagone après avoir été suspecté de préparer un attentat, rien que ça. Cette anecdote permet déjà de se faire une idée sur le personnage campé par Emory Cohen. Le choix de cet acteur peut être interprété comme un pied de nez à Vikernes qui est ouvertement antisémite et cela ne l’a par ailleurs pas laissé indifférent. Personnage présenté comme étant timide et influençable, il n’hésitera pas à jeter son patch de Scorpions groupe considéré comme “poser” par Euronymous. Vikernes est complètement sous la botte dans un premier temps du père Aarseth. Deux fortes personnalités vont alors se faire face passant d’une relation d’amitié à une guerre qui aura une issue fatale. Leur haine du christianisme va les pousser à commettre des incendies d’églises qui hanteront ce paisible royaume certainement peu habitué à ce genre d’actes violents ainsi que le meurtre d’un homosexuel commis par Faust un de leurs amis et marquera ainsi un nouveau tournant toujours plus violent pour le groupe ainsi que pour le Black Metal en général.

Le film retrace cette époque sans cacher une certaine moquerie, n’hésitant pas à tourner parfois les personnages au ridicule par leur maladresse rendant parfois le film plus légers à certains moments. Personne n’est glorifié dans ce film, on se rend vite compte que l’on a affaire à des jeunes adultes loin d’être mature souvent issu de famille de la classe moyenne cherchant à fuir ce quotidien morne que leur offre leur contrée nordique. Lords of chaos est un teen crisis movie parlant du cap difficile du passage à l’âge adulte dans une société qui ne leur correspond pas. Le film dure 2 heures avec son lot de longueurs, la réalisation est très lisse soulignant son côté teen movie un peu trash mais voulant montrer ses “joyeux” lurons sous un angle peu flatteur voire à la limite du pathétique. Il est difficile de s’attacher aux personnage voire d’éprouver la moindre sympathie pour eux tellement leur égo semble surdimensionné dans cette course à qui sera le plus dark et le plus méchant. Entre un Euronymous despotique envers ses amis et un Vikernes néonazi avec un certain besoin d’attention et de reconnaissance on peut dire que la “légende” en prend un coup. Basé sur la vérité et sur des mensonges le film prend le parti de choquer le non initié et de faire bouillir de rage le “Trve” fan qui voit ses idoles démystifiées.

Lords of Chaos est finalement un film moyen qui se laissera dévorer si on l’appréhende avec le recul nécessaire et si on fait abstraction de ce que l’on connaît de cette histoire. Sa réalisation trop lisse tranche avec son thème, un choix artistique assumé. Les acteurs sont pour la plupart efficace et crédible même s’ils en font parfois des caisses en jouant aux vilains jeunes trop “evil” qui font peur à mémé.