Compositeur, poète et militant, De André fait partie des grands "cantautori" italiens des années 60-70. Dans ce concept-album, il interprète le personnage d'un employé trentenaire qui assiste passivement aux bouleversements de la société de mai 68. Les chansons reprennent le cheminement qui le poussera à s'interroger sur sa conception de l'engagement, qui se concrétisera dans son passage à l'acte radical : l'attentat politique. On aurait pu craindre un traitement manichéen d'un pareil sujet, mais outre la célébration révolutionnaire, Fabrizio de Andre s'intéresse à l'humain, sa complexité, ses failles, ses fantasmes. D'où des morceaux célébrant la toute puissance du sujet, qui s'identifie aux personnages dantesques Paolo et Francesca (Sogno numero due), et ceux révélant au contraire sa faiblesse et son désir de liberté façe au carcan du système carcéral (Nella mia ora di libertà). Même s'il faudrait lire les textes en version traduite pour en apprécier la teneur, la construction musicale des morceaux mérite que s'y on intéresse. Du chant de révolte au rythme énergique (Canzone del Maggio), on passe à des ballades plus intimes (Verranno a chiederti del nostro amore). Ma préférée reste il Bombarolo, belle chanson à la guitare bourrée de punchlines :
"Per strada tante facce
non hanno un bel colore,
qui chi non terrorizza
si ammala di terrore"