Storytone le dernier album de Neil Young est déjà sorti en double CD depuis pas mal de temps, mais il a fallu attendre pour pouvoir se procurer à prix d'or la version vinyle de l'album. Cette diffusion distillée avec parcimonie, presque au compte-goutte jette le discrédit sur la politique de vente de Reprise Records et même sur Neil Young, qui crée la rareté, obtient la chèreté et tond le fan qui entre temps n'aura pas manqué d'acheter le double CD ( d'un autre côté s'il télécharge illégalement et même avec un sentiment un peu rageur de vengeance assouvie, faudra pas se plaindre ).
Ce n'est pas la première fois que l'on a droit aux multiples versions d'une même chanson. Ici c'est parfaitement assumé, deux vinyles, le premier acoustique (corde, piano, harmonica, ukulélé) où Neil joue ses compos en solo, et le second où les même dix titres sont interprétés avec l'accompagnement d'un grand Orchestre symphonique ou par un big band de Jazz sur trois d'entre eux.
Le choix artistique de présenter des écrins multiples aux différentes chansons a laissé une partie de la critique dans la perplexité, elle n'a semble-t-il retenu que les moins bonnes versions dans la variété des propositions, encouragée par le package même qui, sur la version CD, présentait la version acoustique en "bonus", le CD officiel étant le CD symphonique!
Souvenons-nous d'Harvest auquel Pehach nous renvoie avec la très belle version de "Heart of Gold" ci-dessus, il y avait deux titres "A Man Needs A Maid" et "There’s A World" qui étaient interprétés avec un grand orchestre, aujourd'hui la pertinence de ce choix n'est guère discutée et les morceaux se fondaient avec bonheur dans le reste de l'album. C'est peut-être dans le creux de cette année 72 que s'explique le désir de Neil, aujourd'hui, d'offrir au public des versions symphoniques de ses chansons.
Pour ce qui me concerne les trois chansons accompagnées par un Big Band « I Want to Drive My Car », « Like You Used to Do » et « Say Hello to Chicago » sont réussies et rivalisent avec les versions acoustiques , mais il n'en est pas de même pour l'ensemble des autres titres. Si "Who's gonna stand up?" résiste au traitement symphonique d'autres titres ( "Tumbleweed" , « Glimmer » ) sombrent dans le sirupeux et sont surtout surclassés par les versions acoustiques qui resteront les références incontournables de cet opus.
Un album à picorer avec, malgré tout, une bonne provision de bon grain...