Voici le premier album de doom funéraire, par un groupe finlandais éphémère qui a pour nom Thergothon. A leur actif, une cassette reprise partiellement sur ce seul album, sorti chez Avant Garde, même après leur séparation, en 1994 ; les morceaux ont été écrits entre 1990 et 1992 et l'enregistrement a eu lieu fin 1992, soit deux ans avant la sortie officielle du CD.
Le genre doom avait eu déjà sa composante épique et sabbathienne avec Candlemass, sa composante stoner avec Cathedral, sa composante death avec Dream Death, sa composante gothique avec Paradise Lost ; voici son côté obscur alourdi et de loin le plus atmosphérique, comme si c'était encore possible.
Thergothon va plus loin que ce qui a été fait en doom en ralentissant encore le tempo, jusqu'à en devenir insupportablement oppressant, pousse le guttural de la voix jusqu'à un paroxysme tout en proposant une dualité avec le chant clair, que l'on retrouve également entre la saturation guitare/basse et l'aigu des claviers, certes discrets mais essentiels dans les quelques accalmies.
Le jeu de batterie se veut simple mais comporte parfois des accélérations amorcées dans les passages épiques.
Les morceaux s'en retrouvent allongés, moyenne de presque 7 minutes par titre, record que les autres Ahab, Esoteric, Shape of Despair se chargeront de pulvériser plus tard.
L'homogénéité des compositions joue en leur faveur en renforçant l'aspect monolithique de l'ensemble.
Le fait est que ce disque a suscité bon nombre de vocations, au vu des multiples formations actuelles dans ce sous-genre qu'est le doom funéraire.
"Stream for the Heavens" est un album culte qui s'écoute fort chez soi pour se laisser imprégner de cette atmosphère poisseuse et suffocante.
Je citerai également le "Tribute to Thergothon" sorti en 2009, sur lequel des groupes tels que Colosseum, Mournful Congregation, Asunder et Evoken -qui tient son nom d'un titre de Thergothon d'ailleurs- ont participé.