Ce jeune britannique n’en est qu’à son second album mais ça sonne déjà comme un artiste à la carrière longue qui sortirait son 20ème album.
Alfa Mist (Alfa Sekitelo de son vrai nom) explique qu’il a été affecté par son environnement. Son éducation l’a façonné d’une manière qui fait qu’il ne sait pas comment communiquer. Le structuralisme signifie « je suis comme je suis à cause de la structure de la société dans laquelle j’ai grandi, maintenant j’ai besoin d’apprendre à communiquer ». L’objectif semble atteint avec « Structuralism ».
44, premier titre de l’album débute avec les commentaires en anglais d’une femme, puis se poursuit avec trompette, beat jazzy, synthés rétro. Tout y est déjà dès les premier titre. On est dans le groove, jazz, hip-hop fusion. La couleur est annoncée. Les nappes de synthés accompagnent le tic de rythme beat jazz pour accueillir au milieu du morceau la guitare électrique soliste, qui s’en donne à cœur joie. Bref 44 nous livre dès l’entrée un plat de résistance bien garni, un régal. Le morceau est long (10 minutes) et dense. Mais pas d’indigestion car la suite passe tout seul.
Falling, second morceau de l’album est feutré, nappé, élégant. Un pur régal pour les oreilles délicates. Kaya Thomas-Dyke au chant apporte toute sa douceur et sa sensualité. Le morceau se termine au piano et violoncelle pour la touche finale de cette chute en douceur.
Mulago, troisième titre débute au piano sous les commentaires en anglais d’une femme anglaise. Est-ce une redite du premier morceau ? Pas du tout ! Un morceau lent, hypnotique, voluptueux. La trompette vient compléter le trip de la ritournelle du piano qui tourne en boucle. L’auditeur est déjà sous le charme dès ce troisième morceau, impressionné par l’efficacité de la démonstration.
Glad I Lived, débute sur les commentaires d’un homme anglais. Belle présence de la batterie qui vient rythmer l’ensemble du morceau autour du saxo et du violon, et le synthé en arrière plan discret. Un morceau loin d’être simpliste, il devient en réalité de plus en plus complet tout au long des 6 minutes d’écoute. Le morceau se termine en sonorités très originales. A ré-écouter plusieurs fois pour comprendre l’ensemble de sa force.
Jjajja’s Screen, cinquième titre de l’album est un pur morceau jazz club. Trompette, guitare et synthé. C’est langoureux, de la fumée de cigarettes s’échappe de la salle, on s’attend à voir débouler un trompettiste noir dans son salon tellement l’ambiance est forte et immersive. Un aller simple pour un club de jazz new-yorkais sans bouger de son salon. Enjoy !
Nayiti, sixième titre de l’album donne la place aux cuivres. Plus de 09 minutes d’immersion pour déguster un solo de trompette accompagné de nappage de synthés. Un morceau à réserver aux inconditionnels du genre pourrait-on croire mais non, là aussi une belle surprise attend celui qui prendra le temps d’écouter le morceau dans son intégralité. La trompette laisse sa place à la guitare soliste qui se donne corps et âme ! Ce morceau est d’une très grande intensité, les 9 minutes et trente secondes ne sont pas superflues. C’est juste ébouriffant !
Retainer, septième morceau démarre lentement, quasi en procession avec batterie et cuivre. Et puis la guitare soliste vient colorer le morceau. C’est du classique, pas de surprise, c’est du connu. Mais là aussi, étonnement une deuxième partie semble se découvrir après le classique, l’attendu. Le piano ouvre la voie à la guitare électrique qui joue une partition et un son encore jamais joué sur l’album. Bref, encore une fois il faut être patient pour profiter pleinement du potentiel du morceau.
Door, huitième et dernier morceau de l’album avec Jordan Rakei est un morceau chanté, le moins jazzy de l’album, presque trip-pop, ovni par rapport aux sept autres morceaux, histoire de nous surprendre jusqu’au dernier sillon. Épatant !