Pour toi mon garçon, plus qu'une seule solution...
...Stup Monastère et ses soixante prières.
Bienvenu dans le monastère du Stup, tu es ici chez toi. Les seules choses qui te sont dorénavant interdites sont : faire l'amour et gagner de l'argent.
Stup Religion, le deuxième album de Stupeflip, se place en suite directe de son prédécesseur, sobrement intitulé Stupeflip. Son intro commence là où l'outro du premier se termine. Dès les premières secondes, on sent que si Stup Religion reste dans le sillon tracé par le premier album, il propose néanmoins une expérience différente. Stup Religion est moins krakra, plus mélodieux, plus écoutable par le commun des mortels.
Du coup, on pourrait s'attendre à ce que cet album soit un peu plus convenu, qu'il perde la singularité propre à Stupeflip. QUE DAAAAAAAAALLE ! CRRRRRRRR !
C'est bien du stup, et c'est du très bon ! En fait, Stup Religion est au contraire mieux construit que l'album précédent. Il est d'abord plus homogène. C'est important et ça le distingue nettement du précédent qui était pour le moins bordélique. Mais ce merdier faisait le charme du premier album, Stup Religion y perd-il au change ? Je répondrai par un "oui mais non".
En effet, Stup Religion est plus homogène que le premier album de Stupeflip. Il possède un thème récurrent qui revient tout au long de l'album et musicalement, il arrive à maintenir une cohésion assez appréciable. De plus, le ton est assez médiéval, tendant un peu vers la fantasy, ce qui est plutôt intéressant et permet d'installer une ambiance. Et c'est là son principal atout.
Stup Religion va au-delà de la simple expérience musicale, écouter cet album c'est faire une plongée dans un autre monde. C'était déjà le cas dans le premier album, mais son anarchie musicale parasitait l'immersion. En écoutant Stup Religion, des images se forment dans notre tête, on arrive à identifier certains lieux, certaines situations. Les interludes sont très importants car ils posent un contexte. Cette fois, on a l'impression que le disque veut nous dire quelque chose, qu'il veut nous raconter une histoire. En fait, l'album ne nous raconte rien, il laisse les lapins se créer leur propre histoire. Stup Religion pose des questions auxquelles il ne répond pas, ou au mieux par énigmes. Stup Religion perpétue et cette fois explicite l'esprit du CROU.
Finalement, ce que je voulais dire dans cette critique pour le moins élogieuse, c'est que Stup Religion pourrait être un objet de culte si cette religion existait vraiment. Cet album a bénéficié d'un travail minutieux, il est plus équilibré, moins bordélique, mais reste tout de même inaccessible au profanes. Les textes sont énigmatiques, la musique assez bizarre et déroutante. Certaines chansons mettent parfois mal à l'aise, on se rend compte que le CROU, c'est pas rigolo et que la menuiserie cache un secret terrifiant. Même Pop-Hip a moins envie de rire, ses morceaux sont moins positifs, plus fatalistes. Ce qui me fait dire que Stup Religion, c'est aussi une réponse aux critiques qui voyaient Stupeflip comme une vaste blague. Je pense que c'est cet album qui a créé le monstre Stupeflip, qui est désormais incontrôlable. Les légions du Stup avancent d'elles-mêmes, brandissant leurs albums de Stupeflip comme un rempart contre la violence de notre société. Le CROU a pris son indépendance avec cette album, il est devenu un phénomène tentaculaire. Stup Religion est un album mystérieux qui ne se dévoile qu'à ceux qui prennent le temps de l'écouter d'une oreille attentive, et même pour ces derniers il restera toujours des zones d'ombre. C'est un album pour le moins mystérieux dont les morceaux sortent du disque pour nous agripper et nous entraîner dans un monde de terreur et de souffrances, mais aussi un monde épris d'une liberté naïve qui voudrait que tous les gens soient gentils et tolérants. Stup Religion nous rappelle que la musique ça s'écoute, mais ça peut aussi se vivre.
Poivron.