Une araignée, un pou, un cancrelas

Diantre qu'il est étrange cet album. Sans doute le plus déroutant des 4. Et pourtant Stup Religion frappait fort. En vrai, c'est super dur d'attribuer une note constante à cet oeuvre qui est immuable dans le tête, tant il y a de retournements de situations au fur et à mesure des chansons. Moi, je trouve tout de même que, contrairement à beaucoup par ailleurs, c'est l'album le plus osé musicalement. Bien évidemment, on retrouve toujours ces prods hip-hop qui consistent l'essence-même du crou avec le punk un peu sale, sur Crou Anthem, sur Understup, sur The Andidote, avec cette particularité que Ju est le seul à maîtriser sur les mélodies des instrus; des bouts de samples qui s'enchaînent mais qui sonnent si bizarre à nos pauvres oreilles d'humains mortels. Mais là où c'est intéressant, et d'ailleurs dont je me rends compte qu'après la troisième écoute, c'est que ça va au-delà. Au-delà de ce qu'on avait déjà pu entendre, les chansons pop un peu niaises de Pop-Hip et les morceaux pleins de cris en tout genre de Cadillac, on prête écoute à un univers peu exploré. Déjà, le mumbaton. Qui l'aurait cru, si on disait à un fan inconditionnel du crou en, genre, 2008, que Ju ferait deux morceaux sur des prods, à la manière de ce bon vieux Jesé, teintées jamaïcaines MAIS avec toujours cette patte du stup qui rend le truc sale et distordu? Et putain ça marche. J'ai une préférence infame pour Stup Virus sur cet album qui m'envoûte toujours du début à la fin.
On peut déplorer l'absence notoire de tout ces personnages qui ont forgé l'univers Stup (The Italian Monkey, Casimor et tant d'autres), mais The Hypnoflip Invasion n'annonçait-il pas déjà une fin?

Le crou était mort. Cependant, la Menuiserie, cette entité démoniaque, était toujours en activité.

Que peut-on donc réellement attendre de cet album? Ni plus ni moins qu'un clap de fin, en réalité. Mais pas un clap de fin avec les mains, comme n'importe qui ferait! Mais avec les pieds, en mode alternatif.
Ceci dit, on pourrait croire que je suis sans scrupule vis-à-vis de cet album et que je ne lui trouve aucun défaut. C'est faux. Effectivement, le thème de la puissance du Stup est un peu surexploité et revient un peu à toutes les sauces. Effectivement, le couplet de Sergey Bubka dans The Solution est plus que douteux. Effectivement, Sandrine Cacheton est énervante de bout en bout (quoique très drôle dans cet agacement qu'elle procure). Effectivement, la fin de l'album est réellement la fin de l'album puisqu'on entend Ju s'amuser dans son studio.
Mais n'est-ce pas parce qu'on entend Ju s'amuser dans son studio qu'on se dit qu'au final, avec Stup tout du moins, la boucle est bouclée? Tu commences dans ton studio perso, puis tu finis aux studs Ferber, pour achever ton oeuvre sur google trad. Entre temps, hip hop, punk, guitare électrique, trip-hop, expérimental, mumbaton, Pierre Henry.

La vieille dame du-dessus n'aime toujours pas les basses.