Je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce que je pourrais bien écrire comme critique sur ce disque. Il fait partie de ces choses qui vous transportent en arrière et en avant, qui ont un certain goût et une certaine couleur. Et l'album m'évoque beaucoup de choses, et tout cela m'inspire le bonheur.
Laissez-moi vous expliquer l'ambiance. Je suis dans une énorme soirée Halloween, très américaine. J'ai 15 ans et je n'ai jamais participé à une fête aussi folle. C'est un bordel incroyable, les groupes se succèdent et on passe de Zombie à Demain C'est Loin sans brassards tandis que dehors on joue au poker sur la terrasse et on barbotte dans la piscine. Le sol est très collant, et il fait chaud. Il y a de la Ganja partout et tout n'est que Boardshorts, bière, eau, folies chroniques et bêtise latente. Tout le monde est heureux et le fait savoir. Il y a de fausses toiles d'araignée dans les couloirs et y'a un type habillé en Averell Dalton. Sur la Mezzanine, à côté de la scène, on joue au billard et on s'agite sur différents sons.
Le type qui héberge la fête est une cnnaissance, le grand frère d'un pote. On parle un peu, on fume beaucoup et on parle musique. Je lui parle de mes amours de l'époque, les Mad Caddies, Reel Big Fish etc. et lui me glisse, d'un air entendu : "Sublime". Je lui explique que je ne connais pas et il décide de passer un morceau. Bien sûr, il s'agit de Santeria.
Et toutes les conditions sont réunies. Je n'ai pas trop bu, juste un peu. Je n'ai pas trop fumé, juste un peu. Il fait chaud mais je sors de la piscine. La soirée n'est pas encore trop avancée, les gens marchent encore et s'échangent des idées. Il y en a pas mal qui dansent. Et je découvre ce morceau comme si je plongeais ma tête à l'intérieur d'une mangue géante et pulpeuse. Il fait nuit mais je peux sentir le soleil sur ma peau et je ne peux pas m'arrêter de sourire. Je n'ai plus à m'en faire, je suis avec Bradley Nowell et Lou Dog sur les plages de Californie et je prends quelques tubes en jouant de l'harmonica sur un longboard. J'ai aussi des lunettes de soleil, très important. Je suis torse nu, je suis un peu gros et mon corps grassouillet luit au soleil.
Il y a ces lignes de basse, grasses et sautillantes, ces touts petits riffs de guitare et ces allers-retours ska trop légers sur des notes juteuses, une batterie tour à tour lourde et légère et... l'alternance et l'union du ska et d'un peu de punk-rock, absolument délicieux. La voix de Bradley est puissante et intime à la fois et le chanteur surprend ici par un flow véritablement hip-hop, là par une voix de rocker, et là encore une tendresse et une mélancolie merveilleusement rendues.
Chaque titre est unique, et le long de l'album est parsemé de quelques chansons plus punk entre deux morceaux plus calmes, ou simplement fou-fous. Les compositions sont remarquables et chaque morceau apporte quelque chose à l'album. Rien à jeter, on peut écouter Sublime sans se lasser pendant longtemps. Ce disque appelle au calme, à la sieste estivale, ou à la fête et son ivresse.
Cet album, c'est simplement un grand régal, qui a malgré tout le défaut de vous donner envie d'allumer un petit zouz pendant l'écoute. Mais une bière glacée ou une bonne menthe à l'eau (si, si) font aussi l'affaire, rassurez-vous. Et courez écouter cet album si ce n'est déjà fait.
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