Super Meat Boy est certainement l’un de mes plus gros coups de cœur de cette génération. Voilà, c’est dit. Je comprends tout à fait qu’on n’y accroche pas, qu’on ne l’aime pas, mais en ce qui me concerne le charme a opéré, et opère encore. Je peux régulièrement me lancer une petite partie, afin de continuer vers l’insensée, l’absurde même, quête des 100%. Rien que pour le plaisir. Et outre son univers, son level design ou son gameplay, c’est aussi sa bande son qui me fait y revenir.
Une bande son qui mêle les ambiances et les sonorités pour un résultat parfois étonnant, mais toujours juste et adapté. Ainsi, chacun des 7 mondes du jeu a droit à son thème, particulièrement représentatif de son ambiance. Funk pour la forêt, blues pour l’hôpital, ou encore musique rock-électrokiffante inidentifiable pour l’Enfer. Des sons aux ambiances différentes, mais possédant une frénésie commune excessivement communicative, des sons qui vous encourageront à continuer des heures durant, juste histoire d’en faire « une dernière ».
Mais tout comme le jeu, la soundtrack est diabolique et comporte ses « Dark Tracks », encore plus puissantes. Et c’est là que repose toute la magie de l’œuvre de Danny Baranowsky: les pistes Light World nous semblent naturellement « Light », quand celles des Dark World sonnent bien plus « Dark ». Plus fort encore, on sent la progression de la difficulté au sein même des musiques de l’OST. Ainsi, Ballad of the Burning Squirrel (Chapter 1 Dark World) commence tranquillement, tout en ayant un petit côté sombre, avant de partir frénétiquement l’espace de quelques secondes, puis de se re-calmer ; à l’image de ce premier Dark World, semblant ardu de prime abord, mais en réalité relativement simple… du moins comparé à la suite.
L’ambiance du second monde était déjà non seulement plus sombre en Light World, mais aussi plus acrobatique, les petits à-coups rapides de Betus Blues allant à merveille avec la dextérité nécessaire pour s’en sortir avec ces putains de ventilateurs. Eh bien la version Dark World, C.H.A.D.'s Broken Wind, est à son tour tristement adaptée, mélancolique et impitoyable.
Je pourrais tous les faire, mais vous avez compris le principe : la musique de Baranowsky ne fait pas que servir les niveaux, elle leur donne une tout autre dimension. Ainsi, la frénésie d’un Dr. Fetus' Castle (Chapter 5 Dark World) ne fait que rendre les levels plus atroces, en pressant le joueur, en le comprimant dans son rythme infernal et harmonieux. La musique, couplée au level design terrifiant du jeu, ne fait que le rendre encore plus hardcore. Le meilleur dans l’histoire étant qu’on ressent toujours autant cela en écoutant l’OST hors-jeu.
Mais cette bande son ne se base pas que sur les World Themes : en effet, elle est également composée de Boss Themes, de Retro Themes et de Remix délirants.
Concernant les Boss Themes, ils suivent la même logique que les Mondes en eux-mêmes : adaptés à leur ambiance, adaptés à leur monde, adaptés à leur Boss, ils donnent bien souvent un souffle épique à l’affrontement. The Battle of Lil' Slugger, thème du premier Boss, est ainsi mondialement connu, même par ceux n’ayant jamais touchés au jeu. Plus fort encore, « It Ends » arrive parfaitement à retranscrire l’implacable pression sous laquelle nous maintient Fetus durant l’interminable « bataille » finale, et ce uniquement via son rythme.
Concernant les pistes rétro, elles correspondent aux Warp Zone du jeu, levels cachés souvent ultra-hardcores car limités en vies. Elles reprennent alors les versions Light des World Themes pour les transformer en versions 8 bits, souvent outrageusement bien réussies, malgré un mal de tête inévitable si on les écoute trop longtemps.
Enfin, les mix font partie du délire du jeu, il y a de tout, et ça va du très moyen Meatcraft au gros wtf savoureux Power of the Meat. Un petit bonus sympathique sur lequel il serait de mauvaise foi de cracher.
Peut-être un peu moins savoureuse hors-jeu, l’OST de Super Meat Boy n’en reste donc pas moins énorme à bien des égards. Au service du jeu, de l’ambiance, du level design, du joueur en fait, intégrant variété, rétro et hommages, Danny Baronowsky signe une des BO les plus convaincantes de cette génération. Masterpiece comme on dit.