SANS DIRE UN MOT.
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le 3 nov. 2018
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La scène musicale de la West Coast est une élite depuis de nombreuses années maintenant. Des rappeurs comme Ice Cube et Snoop Dogg à Kendrick Lamar et Tyler, The Creator, il ne devrait y avoir aucun doute sur l'impact que la Californie a sur la culture. Et chaque année, beaucoup d'artistes de la région rappellent au monde leur domination.
Aujourd'hui, c’est le rappeur de Compton, Buddy, dont je vais vous parler et qui, avec son deuxième album Superghetto, risque bien d’accompagner vos soirées d’été.
La musique de Buddy est aussi aérée et amusante que la personne elle-même paraît-il. Découvert pour la première fois par Pharrell Williams en 2009 alors qu'il n'avait que 15 ans, Buddy a signé sur son label I Am Other et a collaboré avec des artistes allant de Kendrick Lamar et KAYTRANADA au regretté Nipsey Hussle. Mais après singles et EPs de qualité, il faudra près d'une décennie avant que Buddy ne sorte son premier album officiel Harlan & Alondra via RCA , un mélange de rap californien old-school et new-age, avec pour invités, des grands noms comme Snoop, Khalid ou encore Ty Dolla.
4 ans sont passés, le californien revient maintenant, avec “Superghetto”, 10 titres, une bonne demi-heure, parfait!
Buddy ouvre intelligemment l’album avec "Hoochie Mama", un rap classique de LA, Rythme menaçant, grosse basse et fanfaronnade citant des lignes de DMX et Dre. Il fonctionne bien dans ce mode, mais est encore plus convaincant sur la 4 ème piste, "Black 2", direct et intelligent, visant ceux qui aiment consommer et imiter la culture noire sans se soucier des problèmes des Noirs. Un single sorti pour la première fois à l'été 2020, lorsque les protestations contre les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et d'autres Noirs américains se sont propagées dans tout le pays.
"Ghetto 24" prend une tournure mélancolique, changeant complètement le ton donné par "Hoochie Mama". Amis morts, drogue, pauvreté et voitures de police - toutes ces choses auxquelles Buddy fait référence tout au long de la piste se réunissent pour constituer ce "Ghetto 24", une journée dans le quartier quoi. Les couplets lourds de Buddy sont sous-jacents à la douce voix de Tinashe. Son chant reste en arrière-plan, n'apparaissant sous les projecteurs que pour le refrain de la chanson. Le bruit occasionnel de quelque chose qui ressemble à un coup de feu ajoute à la sensation sombre de la piste. Le rythme est superbe.
La voix de Blxst est ce qui rend "Wait Too Long", sorti en single en février, génial. Sa voix douce se marie parfaitement avec la sensation R&B de la chanson et son refrain c’est du miel.
"High School Crush" est léger et romantique, plein de la voix chaleureuse de Buddy alors qu'il déclare son amour pour une femme. Il est épris, c'est sûr, mais malheureusement, elle l'utilise pour la drogue et le sexe. Son imitation d'une trompette triste infusée dans l'instrumental ajoute à l'aura style “amour non-partagé” qui émane de cette chanson.
"Happy Hour" avec T-Pain, est frappant à la première écoute, une chanson lente et sensuelle. Alors oui, bien sûr, "Happy Hour" concerne les boissons - margaritas, Hennessy, la liste est longue mais Buddy, même s’il n'est peut-être pas un chanteur d'opéra, se débrouille vraiment bien. L'autotune familier de T-Pain est ici la star de la chanson, il se fond merveilleusement à travers l'instrumental doux et axé sur les basses. Encore du miel.
Alors qu'Ari Lennox est un merveilleux complément à Buddy, elle apporte également pleinement son style unique à "Coolest Things". La piste est jonchée de ses harmonies et ad-libs. L'outro, apparemment une réponse au deuxième couplet de Buddy, rappelle ses propres chansons. Super collaboration.
"Ain't Fair" est un témoignage de son style de vie actuel tout en narrant ses blessures émotionnelles. produit par Organized Noize, l'instrumental Jazz/Rap est exceptionnel et le flow de Buddy est vraiment kiffant. Une de mes pistes préférées.
"Bad News" est une chanson amusante, même si elle parle du rappeur pouvant être accusé de meurtre. Le funk et le soft rock se marient de la meilleure des manières et la voix de Buddy est à nouveau mise en valeur.
"Superghetto", la dernière chanson de l'album, semble vide, dans le meilleur sens du terme. Et surtout, c’est fait exprès, selon Buddy : "... il n'y a pas beaucoup de sons, donc il y a beaucoup d'espace pour que les gens entendent simplement ce que je dis ”. Et il a beaucoup à dire. Il rappe sur son éducation, criblée de problèmes familiaux, de consommation de drogue et de violence des gangs.
Une fin comme il se doit, celle qui donne envie de revenir à la première piste.
On pourrait penser que l'album n'est pas assez cohérent. Passer d'une chanson à l'autre est plein de rebondissements qui vous laisse d'abord vous demander ce que vous allez entendre ensuite. Même ainsi, le talent affiché par Buddy, alors qu'il réussit étonnamment chaque piste, annule ce défaut.
Plutôt que de ressentir comme quelque chose qui a été maladroitement assemblé, Superghetto ressemble au contraire, à une série d'histoires et de sentiments qui composent une image plus grande. C’est très fort.
Musicalement habile, bien écrit et suffisamment court pour être rejoué de manière compulsive, on tient là un sacré beau projet.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2022
Créée
le 22 juin 2022
Critique lue 9 fois
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