Voici que je vais vous parler d’une bande de rosbifs (en fait, aucun n'est anglais, ils sont juste basés à Londres) qui a pour nom Lvcifyre : membres officiant dans différentes formations de styles extrêmes variés (Dictator, Enthroned, Nightbringer, Necrosadist, Sepulchral Temple, Corpus Christii), signés chez Blood Harvest dès leur premier EP en 2009, également chez Pulverised et dernièrement chez Dark Descent pour ce second album.
Un parcours et un pedigree intéressants pour un groupe de black/death, gage d’une certaine authenticité et d’un savoir-faire.
Ceux qui ont mis la main sur l’album précédent (et éventuellement l’EP, mais ce n’est pas mon cas) ont pu constater leur savoir-faire dans un death old school au riffing même death/thrash, racé et nerveux sensiblement proche d’un Centurian.
Avec Svn Eater, la donne change quelque peu : le riffing assez orthodoxe du premier album cède la place à des plans torturés et dissonants, assez proches d’une version death metal de Deathspell Omega finalement ; comparaison qui m’a aussi été suggérée par le fait que c’est Timo Ketola (auteur des couvertures de Si Monumentum… et Fas… notamment) qui a réalisé le graphisme pour l’album.
Le disque démarre avec une longue introduction incantatoire suivie d’un doom/death lourd et angoissant (la touche Dictator ? non, ça n’y ressemble pas du tout). La musique traîne, mais on est rapidement dedans.
Le morceau s’intensifie avec une double pédale qui seconde un riffing appuyé en aller-retour, puis une accélération sur la dernière partie du titre avec un riffing bendé déjà assez tordu. Neuf minutes vingt secondes au total pour le morceau.
Fondu enchaîné avec le titre suivant qui amorce un black/death véloce aux riffs alambiqués et furieux. Et là, c’est la tuerie !
Le peu d’efficacité perdu en raison de la complexité des riffs est largement compensé par la densité des atmosphères et l’aura imposante qui se dégagent de la musique.
Vicieux, malsain et doté d’une certaine forme de majesté démoniaque, Lvcifyre offre un death metal finalement assez personnel avec une ambivalence entre une base d’obédience classique et orthodoxe old school d’une part et la prédominance de riffs dissonants et atonaux d’autre part. Du coup, on reconnaît autant de traits de Morbid Angel que de Deathspell Omega.
Le tempo ne décélère que très rarement, comme sur Fyre Made Flesh où l’on a droit à une minute de mid tempo avant que ça reparte à fond la caisse.
Le dernier morceau mérite d’être cité, en ce qu’il est tout à fait représentatif de l’ensemble du disque : une alternance de structures et d’ambiances qui joue avec les nerfs de l’auditoire durant plus de sept minutes pour s’achever avec le riff principal qui se meurt dans les entrailles de l’Enfer. Complètement possédé, ce morceau.
Et chapeau bas au vocaliste, qui livre une performance exceptionnelle, excellente dans tous les registres abordés.
Quarante-neuf minutes aussi intenses pour une musique finalement assez complexe, c’est éprouvant. Tout le monde ne sera pas nécessairement conquis aux premières écoutes (comme ce fut le cas pour votre serviteur), mais persévérez et vous serez récompensés.
Hail Dark Descent !
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