Swimming
7.4
Swimming

Album de Mac Miller (2018)

Nous sommes le 7 septembre 2020 et ça fait 2 ans que l'artiste né Malcolm James McCormick nous a quitté.
1 mois avant sa mort, Mac Miller avait sorti "Swmming", tout simplement, son meilleur album, à mon humble avis. Triste.


"Swimming", le cinquième album de Miller, vient de sa rupture avec Ariana Grande.
Mais au lieu de se plaindre de la douleur ressentie, Mac offre une perspective plus large.
Il explore l'échec amoureux sur fond de Hip-Hop jazzy voire Funky sur des tons feutrés.
Mais le plus troublant dans "Swimming", c'est la fragilité que Mac Miller montre. En tant que déclaration personnelle d'une vie troublée, on ne peut lui reprocher de vouloir exprimer son émotion. Il y a définitivement quelque chose de morbide charmant dans son angoisse.


La première chanson, "Come Back To Earth", s'ouvre sur les mots: "My regrets look just like texts i shouldn't send". Cette ligne simple est honnêtement une introduction parfaite aux 52 minutes de catharsis qu'est "Swimming". L'album a définitivement ses moments où il fait des tentatives d'optimisme, mais ce n'est pas son intention première.
Parfois, même les aspects les plus brillants de l'album suscitent plus d'introspection qu'il n'y parait.
"Hurt Feelings" (produit par J. Cole) est une chanson où Mac embrasse les changements qu'il a vus dans sa vie ces derniers temps et encourage ceux qui l'entourent à se rendre compte que le changement n'est pas intrinsèquement une mauvaise chose.
Mais une chose terriblement émouvante, ce n'est pas tant ce que l'artiste pense qui transparaît, mais bien ce qu'il ressent.
Après avoir exprimé des réflexions induites par l'alcool dans "What's The Use?" avec l'aide de Snoop et Thundercat sur une formidable prod de Pomo, Il continue de ressasser les détails douloureux des pires jours de son état dépressif dans "Perfecto".
"Self Care" est un regard morose sur sa relation passée. Ses rimes enlace le style de vie de l'ancien couple avec un air de dérision qui semble n'avoir jamais été aussi investi qu'il l'a laissé entendre. La basse enrobante de la première moitié, assisté de JID, saisi l'auditeur. La seconde moitié émotionnelle, dans laquelle Mac parle de l'oubli, on aperçoit une lueur.
"Wings" est un véritable confessionnal mélodique. des voix hésitantes et du blues électronique craquelé. Le cœur est lourd.
"Ladders" avec les synthés électro nerveux et la basse techno-esque est une éclaircie funky.
Mais ça ne va pas durer.
“Nobody knows me oh well, hard to complain in this five star hotel” et “Don’t wanna grow old so I smoke just in case” sont deux vers dans "Small Words" qui résonnent et deviennent déchirants quand on connait la suite. Il rappe sur des riffs de guitare désolés et des touches de piano lugubres : "“I might trip, I never fall/God knows I've came close (don't try this at home)/I know I probably need to do better, fuck whoever". Satanée poussière dans l'œil...
Yung Exclusive & Cardo offre une magnifique instru sur "Conversation Pt. 1".
"Dunno" aidé par une prod sombre mais entraînante de Parson Brown, Mac est nostalgique et amer à la fois de cette relation passée. Il rappe : "You was coughin' when you hit my weed, but i ve never seen you feet that free" essayant de transformer son abus de substance en un moment romantique et attachant.
Et, encore une fois, "Jet Fuel" le ramène à la réalité avec une production claustrophobe qui donne l'impression de patauger dans des eaux lourdes et glacées.
"2009" et "So It Goes" sont l'acte final de l'album, et en onze minutes cumulées entre les deux, on sent un Mac Miller prêt à relever la tête, avancer.
Aussi étrange que "So It Goes" semble à première vue, produit par lui-même, le final représente parfaitement Miller finalement. Il y a quelque chose d'indéniablement contagieux dans son refrain jubilatoire Eh bien, tout le monde se rassemble / je suis toujours debout, je suis debout / Et je sais que je suis sorti / Mais maintenant je suis de retour en ville ”. La fin, type M-83 au niveau sonore, incarne l'optimisme sous sa forme pure et capture la tendance de Miller à laisser les choses aller de manière positive. Pour une fois...


En presque une heure de chansons lourdes et prenantes, force est de constater qu'il y a quelque chose d'admirable à propos de Miller sur "Swimming", au milieu de cette tempête très publique, c'est son refus de se cacher. Il donne aux auditeurs une fenêtre sur le chaos qu'est la réflexion sur le chagrin amoureux sur fond d'addiction.
C'est désordonné et sans excuse.


C'est la thérapie de Mac Miller.


un peu plus d'un mois après la sortie de "Swimming", Mac Miller va s'endormir, pour l'éternité.
Tellement injuste...


8/10

BRKR-Sound
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le 7 sept. 2020

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