Ce n’est désormais plus la musique d’Explosions in the Sky qui est triste, mais leur manière de la faire. Cet énième groupe de post-rock ne doit sa petite célébrité qu’à sa capacité de réaction face au phénomène Mogwai (le groupe est né peu après leur avènement) et un deuxième album puissant et profond, d’une évidence qui confinait parfois au sublime. Tout ce que l’on peut attendre de ce genre instrumental un peu trop balisé. Malheureusement, depuis ce coup d’éclat, le groupe est en totale roue libre. Ecriture mécanique, schémas répétés à l’infini, les Texans n’ont plus la tête dans les étoiles depuis longtemps, mais définitivement les pieds collés au bitume.
On imagine les musiciens dans leur studio en train de concocter leurs morceaux, d’un album sur l’autre. Que peuvent-ils bien se dire ? On n’ose les croire cyniques (« allez les gars, au taf, faut bien manger, nos disques sont tous les mêmes mais ça se vend, on va leur composer un autre clone »). On n’ose encore moins les croire réellement enthousiastes (« putain les gars on a composé le disque de l’année, là, un truc tout à fait inédit, puissant, ça va cartonner »). Ou alors Alzheimer ? Non ils sont trop jeunes.
Finalement, à défaut, on se dit que ces bonshommes-là se contentent de peu, comme leur public, comme la critique, qui bizarrement ne les lâchent pas tout en reconnaissant que ça pédale « un peu » dans la semoule. C’est dur à encaisser cette mollesse. Parce que le post-rock, c’est tellement beau quand c’est bien fait ! C’est tellement simple, tellement prenant qu’on a tout de suite envie de faire la même chose, qu’on a envie de prendre un instrument et de, nous aussi, faire passer nos tripes par quelques notes. Peut-être qu’Explosions in the Sky a oublié ce qui était beau dans le post-rock. Ou à quel point il était difficile de réussir quelque chose de simple sans la spontanéité et la foi des débutants.