La pochette en dit long. Fini le shoegaze fatiguant (pléonasme), le Brian Jonestown Massacre opère un revirement stylistique spectaculaire pour ce troisième album en effectuant un bon de 30 ans en arrière. Un retour à la source de toutes les pops, de toutes les merveilles, un retour à la période sacrée 1965-1967.
Le groupe porte enfin fièrement son nom car tout ici honore au plus haut point Brian Jones et les disques des Rolling Stones auxquels il a participé (les seuls dignes d’intérêt donc). Des constructions à trois accords, faites de guitares cristallines, de percussions diverses, d’une production artisanale dépouillée au possible, de bidouillages divers et surtout de cette désinvolture mélodique de génie qui transforme la moindre chansonnette bricolée en tube absolu.
C’est l’école Aftermath, Between The Buttons et du bancal Their Satanic Majesties Request mais aussi celle des garagistes outre atlantique, de Love, des Byrds, un petit peu de Dylan et d’une myriade d’influences impossibles à recenser. La pop se marie au psychédélisme, au folk. La distorsion vient parfois épaissir les guitares, les claviers renforcer les ambiances. Tout est bon pour étoffer au maximum les morceaux, pas de restriction. Et c’est cet amateurisme sans limite qui rend l’ensemble si réjouissant. Chaque morceau possède ses particularités et il est impossible d’en décortiquer toutes les subtilités instrumentales, Anton Newcombe étant un collectionneur d’instruments aussi divers qu’exotiques (à l’image de Brian Jones). Sans compter les bricolages, les bandes passées à l’envers...
La seule certitude c’est que Take It From The Man! contient une tripotée de tubes dont la recette semblait oubliée depuis 1967. "Fucker", "Who?", "Straight Up And Down", "Vacuum Boots" ou l’hommage magnifique "(David Bowie I Love You) Since I Was Six" pour les plus évidents. Mais il n’y a pas vraiment grand-chose à jeter ici. Seule la reprise allongée de "Straight Up And Down" en fin d’album est superflue.
Le plus étonnant étant encore que Take It From The Man! n’est que le premier disque d’une trilogie qui sortira en 1996 et dont les deux suites Their Satanic Majesties' Second Request et Thank God For Mental Illness atteindront les mêmes cimes. Dingue!
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