J'ai un sentiment très bizarre : je connais Rory Gallagher, sa réputation le précède et quand on s'intéresse un tant soit peu au blues rock, il est difficile de faire l'impasse sur ce musicien hors pair. Pourtant, cela doit être la première fois que j'écoute un de ses albums. Et pourtant bis, j'ai l'impression d'être en terrain connu.
Sorti en 1973, on ne peut qu'apprécier cette musique qui savait encore se faire enjouée et maîtrisée. Oui, je vous parle d'un temps que les moins de 40 ans peuvent très bien connaître, mais juste regretter de ne pas l'avoir vécu, un temps où l'on faisait une musique accessible et en même temps extrêmement technique. Mais on en est surtout à une époque où la musique populaire s'est bien développée, où le rock prend tout à fait sa place aux côtés de ses aînés country et blues. Tout cela, Gallagher le résume très bien dans Tatoo, ce qui en fait un album à la fois varié mais brillant également par son unité.
Et surtout, il y a A Million Miles Away. En essayant d'être objective, ce n'est pas le meilleur morceau de l'ami Rory. Pourtant, il réussit à provoquer chez moi un phénomène assez similaire à la madeleine de Proust. Ce titre est une découverte apparente mais il fait ressurgir un sentiment de déjà-entendu, pas celui qui nous fait pester contre un certain manque d'originalité, non, plutôt celui qui nous donne l'impression d'être chez soi, une Guyness à la main. Un peu paradoxal au regard du titre, hein ?
Paradoxal ou non, c'est pour cela que j'adore Tattoo. Parce que même si on partira toujours à la recherche de nouvelles expériences musicales, on sait que quelque part, sur notre plate-forme de streaming préférée ou sur notre tourne-disques, nous attend notre petit chez-soi musical. Et je l'ai trouvé dans cet album de Rory Gallagher.
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