Noname pour moi, c'était la meuf qui outshinait Mick Jenkins sur Comfortable, morceau issu de sa mixtape The Waters avec une facilité déconcertante. J'avais été émerveillé par ce flow nonchalant et énergique à la fois, qui nous laisse presque jamais le temps de respirer. La personnification de l'adjectif effortless en somme. Après quelques apparitions réussies sur les albums respectifs de Kirk Knight et du groupe Social Experiment de son acolyte Chance The Rapper.
Elle nous arrive enfin en solo prête à nous démontrer tout son talent au micro, mais aussi à la DA. Car s'il y a bien une chose qui nous interpelle à l'écoute du projet c'est bien le choix des productions. Ici pas de 808 à la mode, à la place on a du piano et du xylophone.
Noname, de son vrai nom Fatimah Warner, s'est contenté d'un entourage très restreint, composé notamment du talentueux beatmaker Cam O'bi, et des collaborateurs habitués du SAVEMONEY crew que sont theMIND et Saba.
Même si le projet se présente comme une mixtape le travail abattu fait plutôt penser à un mini-album.
Celui-ci baigne dans une sorte d'ambiance de "mélancolie optimiste". Noname aborde naturellement la question des violences policières envers les afro-américains dans le morceau "Casket Pretty", elle déclare avoir arrêté le cannabis et vouloir retrouver l'amour sur "All I Need". Elle parle de son mal-être sur "Freedom", avec en prime une très belle utilisation d'un sample de Nina Simone. Noname aborde aussi le délicat sujet l'avortement sur "Bye Bye Baby". On distingue réellement l'être humain derrière l'artiste; ses doutes, ses angoisses. Noname ne joue aucun de rôle et ça se sent.
Il y a vraiment à boire et à manger dans ce projet. Encore une fois Chicago relève le niveau du Rap US et c'est pas pour nous déplaire.