Critique à chaud sur la musique composé par Ludwig Göransson, le compositeur oscarisé pour son très bon travail sur le film Black Panther. Pour se remettre dans le contexte, Hans Zimmer était trop occupé à travailler sur d'autres films (notamment Dune). C'est la première fois depuis 2006, avec Le Prestige, que Nolan ne s'associe pas avec Zimmer pour la musique. C'est là que Göransson entre en jeu.


Le film ayant sorti avant l'album, ce dernier étant synchro avec la sortie du film aux US, les spectateurs n'avaient d'autres choix que d'écouter la prestation musicale édité avec l'image et les effets sonores mixés ensemble. Les premières avis semblaient, en général, être moins conquis par la composition. Quelques uns comparent même avec la musique de Zimmer, trouvant une certaine similarité. Ce qui n'est vraiment pas le cas. Certes, quelques sonorités pourraient ressembler à celle de Zimmer, mais dans 90/95% des cas, on remarque clairement que c'est différent.


On remarque tout de suite la quasi absence d'instruments orchestrales classiques, qui vont quand même apparaître quelque peu furtivement dans "747". Göransson va plus utiliser des sonorités électroniques. En général, cela semble coller à l'ambiance froide du long-métrage. Mais on peut déplorer que la texture, le rendu final n'est pas des plus agréables. "POSTERITY" en est l'exemple. La mélodie principale, en dehors du piano, prend vraiment le dessus, parfois un peu trop. La patte Göransson va être reconnaissable dès que vous entendrez la basse et la cymbale, largement emprunté dans les beats du style trap. C'est normal, le compositeur est aussi un beatmaker. Bien que j'apprécie cette signature sonore, qui avait un véritable sens dans Black Panther, et qui était bien amusante à entendre dans The Mandalorian, ici le placement me paraît être moins évident, parfois même hasardeuse, les dernières secondes de "SATOS" le prouvent. Le "hit hat" dénote même avec l'ambiance général. D'ailleurs sur cette piste, il y a un petit caméo de Nolan. Les percussions, entendus pour la première fois dans "RAINY NIGHT IN TALLINN" sont parfois en décalage avec le battement, ce qui donne une impression d'être dérouté. Bien évidemment, en accord avec le concept, la musique va être inversé. Le compositeur va utiliser ce procédé pas aussi souvent que j'aurais pu le croire à la base. Comme Zimmer, il y aura des crescendos, probablement lors des scènes d'actions (je n'ai pas encore vu le film), mais ces crescendos seront plus mesurés dans les hauts volumes et seront moins puissantes qu'un Inception.


La structure narrative par contre, est à oublier. Absence de thème principal, ou même de sous-thème. Il y aura une certaine continuité, une certaine variation d'un thème entendu très grandement dans "POSTERITY" dans l'avant-dernière track, "THE PROTAGONIST", mais dans l'ensemble, les percussions, les mélodies, vont de concert pour soutenir une ambiance, au lieu de narrer. Et c'est assez dommage venant de Göransson, qui est pourtant capable de rajouter une couche narrative très intéressante (comme Black Panther, Creed 1 et 2). Je comprends la volonté de l'artiste d'aller dans un style différent, plus expérimental pour Tenet, mais malheureusement, je préfère la prestation plus équilibré des autres bandes originales. Pour autant, elle arrive à être différente de ce que propose Zimmer, et pour ça, j'apprécie. Elle arrive à être un peu plus maîtrisé que l'avant-dernier film de Nolan, Dunkerque, où la musique ne fonctionnait que dans une dimension narrative autre que la tension. Au final... Sa prestation n'atteignant pas mes attentes, mais n'est pas non plus catastrophique.

LucasCR
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le 3 sept. 2020

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