The Bends par Anthony Boyer
Sorti deux années après Pablo Honey, The Bends est peut-être l'album le plus sous-estimé de Radiohead. Le quintet d'Oxford avait su s'imposer sur le devant de la scène avec un premier album assez moyen mais qui comportait un titre emblématique apte à consolider la base du succès de ce groupe. Il est évidemment fait référence ici à 'Creep', morceau cultissime pour une génération désorientée, de celles qui, sans repère, trouvent parfois dans un morceau de musique un salut inespéré. Creep est sans aucun doute ce genre de morceau, solide, reposant sur un arpège simple et efficace, capable de ferrer un grand nombre de mélomanes. Seulement, de par son succès, Creep avait éclipsé le reste de la production du groupe, ce qui lui avait valu l'aversion de ceux-là même qui l'avaient composé.
The Bends n'est en rien comparable à Pablo Honey. Il lui est supérieur à bien des égards. Pas un titre n'émerge en particulier, pas de façon aussi contrastée que Creep sur Pablo Honey, du moins. L'album est bien trop bon dans son ensemble. Certes, il y a bien Street spirit, ballade sublime qui, de par son arpège plus rapide, presque compulsif et les paroles aux évocations des plus pessimistes, aurait du éclipser la complainte aisée de Creep. Mais Street spirit n'est pas le seul joyau de cet opus. Bullet proof ou Fake plastic trees sont eux aussi rutilants de mille éclats. Dans d'autres registres, des morceaux comme High and dry, Just ou encore Black Star sont de petites merveilles de pop rock.
En somme, The Bends est un album qu'il est bon de découvrir ou de redécouvrir tant il est important dans l'évolution de Radiohead puisqu'il précède l'album le plus culte du groupe: Ok Computer.