Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.
Numéro 21 : The Buddha Of Suburbia
Quelques mois après la sortie de l'album Black Tie White Noise sort "The Buddha Of Suburbia", un objet dont la nature n'est pas toujours bien claire. En effet, pour certains cet album est un véritable album et pour d'autres, il est une bande-originale et est à part des autres albums studios de Bowie, le processus de créer de la musique au service d'images étant un processus différent que créer une oeuvre qui ne se suffit qu'à elle-même. J'ai jusqu'à très récemment été de la deuxième catégorie jusqu'à ce que je me documente plus au sujet du projet et j'ai alors constaté que la volonté de Bowie était de faire de se servir de l'occasion qu'il avait pour faire un véritable album studio. L'album étant tout de même commercialisée comme bande-originale de série, il sera un échec commercial tout en étant salué par les critiques et les personnes ayant écoutés le projet. Bon, reprenons les choses dans l'ordre.
Hanif Kureishi est un romancier dont le premier roman se nomme "The Buddha Of Suburbia", un livre qui traite notamment de thèmes comme ceux de la jeunesse et la société anglaise durant les années 70, l'émergence du punk ou les tensions raciales. Bowie rencontre l'auteur durant une interview dans le cadre de la promotion de son album précédent, sorti la même année. Ce dernier lui demandant s'il pouvait composer la musique d'une série qui sera l'adaptation de son livre, Bowie acceptera car il se reconnaîtra à travers l'histoire qui est racontée dans l'œuvre de Kureishi. Ayant cet objectif en tête, Bowie se sent très vite de transformer le projet initial en album studio, la musique se retrouvant dans ce dernier étant assez différente à ce que nous pouvons entendre dans la série de la BBC. Si ce n'est le titre éponyme.
C'est d'ailleurs celui-ci qui ouvre l'album et l'ouvre bien, le titre est sur une certaine tonalité et nous comprenons très vite que la musique de l'artiste anglais sera totalement différente de celle qu'elle a été dans Black Tie White Noise. Pour autant, le titre suivant, "Sex and the Church", est peut-être la chose de "The Buddha Of Suburbia" qui pourrait le plus se rapprocher musicalement de l'album précédent. Une piste quasi instrumentale bien singuliere, rappelant "Pallas Athena", à travers son rythme, son ambiance et ses paroles abstraites. Le morceau suivant est lui totalement instrumental et il se nomme "South Horizon", très agréable à écouter et qui aurait pu être dans le catalogue de Shigeo Sekito. Le segment instrumental ne se termine pas là puisque vient "The Mysteries", un moment musical rappelant la collaboration Bowie/Eno et les moments ambiants caractéristiques de la seconde face de Heroes. Ici, Bowie ne collabore pas avec Brian Eno mais avec le musicien Erdal Kızılçay, et ça marche bien. Bowie se souvient tout de même qu'il a une voix et le planant "Bleed Like A Craze, Dad", sympathique, amorce un nouveau segment de l'album. Segment remarquablement mené par "Strangers When We Meet", que Bowie reprendra dans une version alternée pour son prochain album. Si "Dead Against It" est lui aussi -dans un degré moindre, un titre plaisant à écouter, s'ensuit "Untitled No.1", une assez franche réussite. L'album approche de la fin et va offrir un nouveau moment instrumental, "Ian Fish UK Heir", bien fait mais dans une continuité plus quelconque de "The Mysteries". La fin du projet sera au son du titre éponyme dans une version quelque peu modifiée, avec la présence de Lenny Kravitz. Nous nous arrêtons sur une bonne note bien que je ne sois pas fan d'entendre deux fois la même chanson dans un même album. Ou bien faut-il que les deux versions soient totalement opposées, ce qui n'est pas le cas ici.
L'aura de "The Buddha Of Suburbia" m'aura trompé. Celle-ci est quasi nulle, l'album étant souvent perçu comme ne faisant pas partie de la discographie officielle de David Bowie. La conséquence étant que je n'ai pas souvent écouté l'album, malgré le fait que son écoute est plus qu'agréable. Le projet est une confirmation que Bowie est toujours inspiré et cela est de bonne augure pour la suite. Écouter cet album c'est la certitude de s'offrir un bon moment, le tout sur une ambiance propre au projet. Je trouve cependant que les parties instrumentales et chantées auraient pu mieux cohabiter, pourquoi ne pas avoir fait comme avec Low et Heroes, c'est-à-dire une moitié d'album totalement chantée et l'autre totalement instrumentale. Peut-être que cela n'a pas été fait pour éviter des comparaisons évidentes. Un album qui mérite donc le détour mais avec lequel je n'ai pas encore écrit une histoire forte.