The Chronic par FlyingMan
Quand on tape la galette « The Chronic » dans le lecteur, c'est tout de suite la claque ! Y a quelque chose d'énorme qui se passe sur les 3 premières tracks. Quelque chose comme Sticky Fingers des Stones et son trio Brown Sugar, Sway et Wild Horses. Ils sont pas nombreux les disques qui nous la jouent Brelan d'As en intro, histoire de bien foutre tout le monde d'accord. Un truc dingue. Un tir de barrage au lance-roquette. 20 ans après les faits, ça ratiboise toujours comme il faut. Le disque se limite presque uniquement à ces trois premiers morceaux. Après c'est moins intense, un peu plus bordélique, moins travaillé. Mais tout le monde s'en branle. Tu t'es pris 11 minutes de pures bastos dans le buffet, t'es tellement excité que tu oublies le reste.
The Chronic, Fuck Wit Dre Day et Let Me Ride, un total de 11 minutes, et durant ces 11 minutes il se passe plus de chose que sur l'intégralité de la discographie de Coldplay . André Young, as Dr Dre, invente le G-Funk, le son des 90's, introduit Snoop Doggy Dog au monde ébahi et place Death Row sur la carte du monde. Sur ces 11 Minutes uniquement il crée sa légende, le son ultime de la West Coast, organique, fainéant, gavé de grooves joués sur des basses obèses et des synthés aigrillards, des flûtes, des cloches, des batteries lives, peu de samples, peu de scratchs déjà datés. Let Me Ride, qui comme chez Chuck Berry, rend hommage à la machine américaine par excellence, la chevrolet 64. L'ode automobile angelenos parfaite comme l'Autobahn de Kraftwerk le fut au milieu des 70's.
L'autre grosse affaire sur The Chronic, c'est le Snoop D-O-double G. Un mec long et tout en os de Long Beach, Ex-Crips, avec une gueule d'ado et la moustache ad hoc. Aujourd'hui il fait le pimp de superette pour MTV et Hollywood, il la joue trop cool pour toi mec, mais reste l'un des rappeurs les plus redoutables qui soit. Parce qu'il a la voix, le flow. Un truc parfaitement maitrisé, l'opposé des braillards de NY, un truc doux, cool, un peu en retard ou en avance sur le temps, comme glissant, un truc sans effort qui lance un rythmique sur le rythme. C'est sur ce disque puis son Doggystyle à lui, publié l'année suivante, qu'il explose comme le rappeur californien ultime. Tout jeune il explose sur Dre Day, il illumine Nuttin But A G-Thang, il est le homy parfait, le Ace G's, jamais véner mais toujours menaçant. Hilare et décontracté. 15 ans après cette introduction historique, le Snoop reste l'une des stars incontestés du Rap Game, et ce même si ses albums sont jamais au niveau de ce que l'on peu attendre de lui.
The Chronic est un chef d'œuvre. Une cathédrale, un monument qui défie le temps. Dr Dre n'a jamais fait mieux...