Strastosphériquement jouissif.
Oh bordel, je m'attaque à un monument là, va falloir que je pèse mes mots sinon je vais me faire couper les oreilles et retourner écouter mes disques de La Fouine (Ouuuuuuh, elle était facile celle-là, les fans du Pseudo-Rappeurs vont me détruire sur ce coup-là).
Dark Side Of The Moon. Ça annonce la couleur, quelle est la face si sombre de la lumière ? Telle est la question. Il est difficile de donner une réponse correcte à cette question. Peut-être qu'il n'y en a pas tout comme l'absence de réponse face à cet album : D'où on-t-il puiser l'inspiration pour construire un album parfait de bout en bout.
Ca commence par des battements, le Floyd veut nous toucher en plein coeur, nous montrer qu'il veut s'intégrer en nous dès la première track, Dark Side Of The Moon est question d'ambiance, les albums du Floyd se sont toujours construits sur des bases pratiques ET pour les musiciens qui les jouaient ET pour les fans, les auditeurs.
Puis alors qu'on commence par être concentré par ce battement, Breathe s'écrase sur nous mais c'est un poids agréable à subir, comme si vous étiez enfoncer au plus profond de votre plus moelleux matelas, l'apesanteur mais de manière jouissive. Gilmour commence à chanter et déjà la révélation nous éclate au nez alors qu'on commencait tout juste à s'apaiser, se remettre de cette paisible pression qui nous tombait dessus sans prévenir il y a encore quelques secondes de ça.
On est définitivement emporté, le Floyd a réussi sa mission et là BOUM.
On The Run débarque et détruit mon délire psycho-paranoiaque dépressif à la recherche d'un plaisir émotionnel. J'ai beau défendre cet album jusqu'à la moelle de music-fan que je suis, cette piste me laisse avec plusieurs questions. Pourquoi tant de violence ? C'était en prévision de Time qui suivrait juste après et qui mettrait un coup d'éclair à un album qui avait voulu nous poser les règles de son jeu dès les deux premières tracks.
En tout cas, mon esprit troublé par cette piste chiante (MAIS nécessaire à l'album à mon avis) se retrouve encore emporté dans un tourbillon de sentiments lorsque Time m'assomme avec ses horloges, ce solo de guitare, cette voix déployée par Gilmour, il chante fort, chantant sa douleur et son dégoût pour le temps qui passe alors que, paradoxalement, l'atmosphère de cette song marque des ralentissements qui sont perceptibles pour l'auditeur, le Floyd rejette le temps mais le ralentit en même temps, un paradoxe que j'adore. Mais ne tardons pas, The Great Gig In The Sky vient de s'élancer.
Un piano, quoi de plus traditionnel et là BOUM, ça te tombe dessus sans crier gare, une batterie si propre que même Bonham n'aurait pas osé poser sa dope dessus, une femme qui crie si parfaitement qu'on ne sait plus où elle est en, jouissance ? Douleur ? Impossible d'avoir une réponse mais ce qui est sûr, c'est qu'elle exprime ses sentiments comme peu savent le faire, si ce n'est écrire quelques phrases ridicules de plaintes traditionnelles façon FAUVE (ouhlalala, attention, il prend encore des risques), un simple cri et tout s'éclaircit et s'assombrit à la fois pour nous. C'est jouissif.
Kring, clac, scratch, bling...Oui bon okey, j'vous emmerde, je fais très mal l'intro de Money mais difficile de retranscrire par des mots ce sample si bidon et pourtant si bien utilisé par le Floyd pour l'intégralité de sa chanson. Cette chanson n'est pas forcément ma préférée du Floyd, je préfère de loin le Floyd qui essaye de m'emmener loin, au delà de la perception plutôt que de rester à une musique si talentueuse mais qui me parle moins (ce qui est foutrement paradoxal dans le fond car si cette musique est devenu une track si connue c'est surement qu'elle doit toucher énormément de monde non ?), bref, je m'arrêterais juste sur ce solo de saxo' tout simplement hallucinant,peut-être un peu trop pompeux mais la guitare, ensuite, qui répond à ce saxo', c'est le clash parfait, le Old School qui rencontre l'Actual School, ça se clashe mais, en même temps, ça ne fait qu'un. C'est beau putain !
Et la voilà enfin, THE track, THAT TRACK, je ne me souviens même plus quand et où je l'ai entendue pour la première fois mais si je pouvais le savoir, ça m'aiderait bien à dépasser cette frustration de Teenager stupide qui, s'étant fondé sur ce patrimoine musical pour définir sa propre vie, n'est même pls capable (putain de mémoire) de se souvenir où se trouvait la base. Mais est-ce que ça a réellement une importance dans le fond ? Us And Them est, pour moi, un des sons, si ce n'est, LE SON par excellence du Floyd. Shine On You Crazy Diamond a beau être un bijou, Us And Them est moins long et me prend autant aux tripes en 5 minutes que 1 heures (oui j'exagère) avec Shine On You, un début paisible, Gilmour nous porte, nous emporte, on se force à fermer les yeux pour s'imaginer loin, on y est obligé, impossible de garder les pieds sur terre. Le final est à couper le souffle, déjà qu'il était difficilement perceptible depuis le début de la Track mais là, c'est le coup de couteau final en pleine tête pour nous assommer une bonne fois pour toute, Pink Floyd, je t'aime, fais moi un enfant psyché-profond qui respire l'intelligence et la créativité en même temps.
Puis Any Colour You Like nous tombe dessus et comme On The Run, cette track semble, en même temps, en dehors et intégrée à l'album, le son est en décalage par rapport aux chansons qui les entourent, et pourtant,elles semblent nécessaire.
Brain Damage et Eclipse conclut cet album de façon tourbillonnante, psychédélique, apaisante et totalement étourdissante à la fois.
J'ai pour habitude de critiquer des albums qui possèdent une vraie personnalité et dont il y a matière à discuter et je crois que cet album a connu son succès pour, évidemment, la qualité de ses titres mais parce qu'il représente, quelque part, une certaine forme d'entité vivante qui n'existe pas mais que nous pouvons deviner, une sorte d'âme bienfaitrice, bourrée de sentiments comme nous, humains, et qui ne demande qu'à s'exprimer le temps d'un album.
Le Floyd avait capturé cette entité.