The Discovery par Joro Andrianasolo
Oulah la claque. La grosse claque. Born Of Osiris (Horus, Osiris, mythologie égyptienne toussa…) s'est démarqué très tôt du reste de la scène deathcore, au même titre que Winds of Plague, mais dans un autre registre. D’une : ce sont des brutasses techniques. De deux : ils manient les ambiances comme peu d’autres savent le faire dans l’extrême. De trois : desdites ambiances découlent une personnalité très forte, pas moyen de les confondre avec une autre formation du même genre. Et nous n’en sommes qu’à leur deuxième album …
Les Américains nous avaient livré une belle démonstration sur leur EP d’il y a 4 ans, The New Reign. Le premier véritable opus qui a suivi était un peu moins convaincant. Pas de panique, cette fois ils rattrapent le coup avec brio : on sort les grattes 7 cordes (d’où quelques relents djent : "Automatic Motion", le très barré "Regenerate"), on appelle Jason Suecof pour se bâtir un son monstrueux et précis, le tour est joué. « FOL-LOW THE SIGNS », vocaux doublés, samples intelligemment agencés (pensez aux plus belles années de Chimaira… en mieux, beaucoup mieux), lead et solis absolument MA-GNI-FIQUES ("Behold", "Devastate", "Recreate", "Regenerate"… tous les morceaux finissant en « –ate » sont étrangement des tueries). Ronnie Canizaro et Joe Buras alternent les growl gutturaux et hurlements de djeunz. Une fois de temps en temps, on entendra aussi du chant clair ("A Solution", "Regenerate") ce qui gênera surement les plus puristes d’entre nous (mais au fond si vous écoutez Born Of Osiris c’est que vous n’êtes pas si puristes que ça), pour ma part ça s’intègre plutôt bien, utilisé à petite dose, donc rien de bien méchant.
Ils flirtent avec le trip-hop, en particulier sur les courtes plages d’aération, très présentes, toutes sont construites sur le même modèle, sans jamais sonner répétitif. Les ambiances, c’est définitivement leur arme secrète, enfin plus tellement secrète vu qu’ils l’exploitent à plein régime désormais : l’intro hip-hop de "Regenerate", en conclusion de "Shaping the Masterpiece", "A Solution". Le son est parfait, condition idéale pour constater toute la virtuosité des musiciens. Born Of Osiris ne fait pas mentir son héritage deathcore : quand ça s’énerve, ça rigole vraiment pas (encore une fois "Regenerate" mais surtout l’épique final où ils tendent à surpasser des pointures du death technique comme Obscura et Necrophagist sur leur propre terrain). La paire de gratteux tricote à toute vitesse, avec un instinct mélodique infaillible. Sur la doublette finale "XIV" / "Behold", ça shredde dans tous les sens, soutenu par une section rythmique en béton armé, les atmosphères divines concoctées par Joe Buras et un growl du feu de Dieu. The Discovery a en plus une durée optimale, si bien qu’on y revient avec plaisir sitôt la première écoute achevée.
Je retrouve le groupe qui m’avait fait apercevoir « la terre promise » il y a quelques années. Avec des musiciens de leur trempe, j’affirmerais sans hésiter que l’avenir du metal est en de bonnes mains. Complexe et paradoxalement accessible, techniquement irréprochable, le genre de bonnes choses qu’on ne pouvait pas décemment laisser passer inaperçu. Extrêmeux un tant soit peu ouvert d’esprit, ceci est pour vous.