L'orgasme a été atteint avec cet album, l'orgasme de la beauté tragique, l'orgasme de la perfection, de la fascination, l'orgasme de tout. Je ne pensais pas que j'allais être aussi transcendé à l'écoute de cet album, et pourtant si. J'ai découvert Basinski à peu près en même temps que The Caretaker, il est vrai que leurs styles musicaux sont extrêmement liés et extrêmement innovants et intéressants, moi par exemple, je n'arrive pas à me décider sur lequel a la meilleure esthétique. J'adore ces artistes, j'adore leur manière qu'ils ont de rendre fascinant, inévitable et émouvant une même mélodie. C'est un peu le pouvoir de la musique ambiante, de réussir à susciter notre intérêt face à des compositions répétées et prévisibles.
Et bien évidemment, lorsque l'on parle de musique ambiante, Basinski et The Caretaker reviennent très souvent ; tout simplement parce que se sont des précurseurs et des génies du genre.
Même si j'ai une préférence pour The Caretaker, je ne dénigre en rien la discographie de Basinski qui est juste une mine d'or.
Même si leurs styles musicaux sont très proches, je considère que celui de Basinski est plus tourné vers le mystique que la dégradation pure. Quand on voit Lamentations ou El Cmanino Real par exemple, je considère qu'il y a plus une tendance, dans ces albums, à vouloir proposer une expérience purement contemplative et mystique à l'auditeur. Contrairement aux albums de The Caretaker qui ont plus un but d'altération et de dégradation des souvenirs et de la réalité.
Cependant, The Disintagration Loops est peut-être le seul album de Basinski qui s'approprie l'esthétique de The Caretaker. En effet, il travaille la même dégradation, le même rapport aux souvenirs, à travers une idée géniale, qu'est la dégradation naturelle et progressive de la casette contenant le son de l'album. Et donc, par conséquent, au fur et à mesure que l'album se joue, celui-ci devient de plus de plus inaudible, de plus en plus abstrait et de plus en plus lugubre.
C'est une idée simple mais terriblement efficace, surtout vis à vis du sujet et de l'interprétation principale de l'album que sont les attentats du 11 septembre.
Et lorsque l'on a ce contexte, tout l'album devient beaucoup plus sombre, beaucoup plus macabre et désolé. C'est une description totalement exaltée, mystique et profondément symbolique d'une tragédie. Et ce que je trouve vraiment sublime avec cet album, c'est qu'il n'explicite pas clairement sa position vis à vis de cet évènement majeur, il laisse à l'auditeur faire sa propre interprétation de ces longs morceaux semblant décrire et renfermer toute la douleur et la mélancolie tragique de cet évènement.
C'est ça le génie de cette oeuvre, de laisser à chacun la possibilité de faire sa propre interprétation de l'album, avec ses connaissances, ses sensibilités, et son propre vécu vis à vis de cet évènement.
Pour ma part, l'album m'a marqué à jamais. J'ai été enfermé dans cet espèce de trip mélancolique, abstrait, et complètement insaisissable et j'ai juste été touché au plus profond de mon âme.